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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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La conception d’une fin, d’un terme doit donc être pris dans une optique relative,<br />

c’est-à-dire que le temps en lui-même n’est que mouvement incessant, et c’est dans ce cadre<br />

qu’un événement peut connaître une limite. Mais cette limite n’est pas une fin en soi, elle ne<br />

peut être au mieux qu’une transition, un dépassement vers autre chose, vers un autre<br />

événement, et c’est en ce sens que la nuit ne peut pas avoir de terme 323 .<br />

Une autre caractéristique du temps paradoxal que les poèmes développent<br />

régulièrement est l’association du début avec la fin : les deux bornes temporelles<br />

communément admises comme diamétralement opposées se voient dans bien des exemples<br />

réunies. Ainsi l’association du début et de la fin peut s’appliquer tant au monde qu’au moi<br />

poématique comme le montrent respectivement ces deux exemples :<br />

(…) un entramado laberíntico cuyo radio de acción se acerca<br />

peligrosamente a su principio, que es a un tiempo su fin. 324<br />

(el interior está en el exterior) siendo mi fin comienzo<br />

así el discurso de la historia no redime posee<br />

su pasión elabora cuanto mi cuerpo significa<br />

este rostro desnudo programando el terror 325<br />

Associer de cette manière début et fin ne suppose pas néanmoins tant une vision du<br />

temps cyclique, circulaire, qu’une simultanéité. Cela se traduit dans les exemples cités par<br />

l’usage de a un tiempo ainsi que du gérondif siendo. Par ailleurs, dans la mesure où une des<br />

règles du temps paradoxal est la superposition des trois époques (ou tout au moins du passé et<br />

du présent), superposer de la même façon le début et la fin paraît relever d’une même logique<br />

contradictoire.<br />

323<br />

Outre la forte connotation marxiste, cette absence de fin peut dans une certaine mesure faire penser à la<br />

première antinomie kantienne que J. Lachelier résume en ces termes : « nul n’occupe une place déterminée dans<br />

le temps et l’espace, faute de commencement et de bornes à partir desquels on puisse compter ; (…) Et<br />

cependant le complètement déterminé (extensivement et intensivement) doit être, car nous ne pouvons pas nous<br />

empêcher de les chercher ; mais il nous faudrait les chercher par-delà le temps et l’espace, c’est-à-dire là où il<br />

nous est actuellement impossible de les trouver. », note de J. Lachelier au mot raison du dictionnaire philosophie<br />

Vocabulaire technique et critique de la philosophie, LALANDE, André, Paris, PUF, 17 ème éd., 1991, pp. 880-<br />

881. Nous voyons en effet une correspondance entre d’une part la thèse d’un temps sans commencement ni fin<br />

et l’antithèse d’un sentiment de finitude naturel à l’homme; et d’autre part l’affirmation paradoxale d’absence de<br />

fin face à l’évidence de son existence prônée par la doxa. Nous revenons sur les antinomies kantiennes dans la<br />

conclusion générale.<br />

324<br />

CS, p. 107.<br />

325<br />

CS, p. 203.<br />

149

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