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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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nier, c’est-à-dire que la nuit et le soleil ne sont pas nécessairement incompatibles, mais<br />

peuvent dans un instant donné se voir réunis. Ce rejet de la contradiction jour/nuit amène<br />

ainsi à l’élaboration de <strong>paradoxe</strong>s qui peuvent être tantôt des associations, tantôt des<br />

dissociations.<br />

En effet, nous trouvons dans les textes de Jenaro Talens des dissociations affirmant<br />

que la nuit est différente d’elle-même comme dans cet exemple de El lugar del síntoma :<br />

y así la noche emerge de la noche<br />

como en la escena de un teatro :<br />

al calor impasible de los focos. 239<br />

La doxa a coutume de définir la nuit dans une généralité unique, singulière (comme<br />

l’en atteste l’usage de l’article défini féminin singulier), or ces trois vers pointent une<br />

dissociation puisque la nuit s’y multiplie passant du singulier au pluriel : que la nuit émerge<br />

d’elle-même implique qu’elle se dédouble, c’est-à-dire qu’elle devienne une et différente. Par<br />

ailleurs, des dissociations identiques sur le jour existent (nous lisons par exemple dans El<br />

cuerpo fragmentario : « este rayo de sol (un renglón inconcluso) quiere imitar la luz » 240 ce<br />

qui signifie que le soleil n’est pas de la lumière).<br />

Outre des dissociations, le jour et la nuit provoquent des associations paradoxales au<br />

sein desquelles les deux moments de la journée ne sont plus contraires, mais totalement<br />

réunis. Ainsi les premiers vers du recueil El hostal del tiempo perdido énoncent-ils :<br />

Conozco el fondo de la noche,<br />

esa luz sin contornos que tú temes ;<br />

yo no le temo porque estuve allí. 241<br />

<strong>Le</strong> cœur de la nuit qui est censé être pour la doxa l’obscurité totale est ici déclaré être<br />

la lumière, la caractéristique même du contraire de la nuit. Ce type d’associations entre la<br />

nuit et la lumière du jour est tout à fait courante <strong>chez</strong> Jenaro Talens et se décline par des<br />

propositions faisant usage d’apposition comme dans l’exemple cité, du verbe d’identité ser<br />

239 LA, p. 169.<br />

240 CS, p. 225.<br />

241 LA, p. 31.<br />

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