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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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syntaxique est en définitive relativement faible, tant et si bien que la séparation due à la<br />

versification ne semble guère choquante. Il y a comme un affaiblissement des effets de<br />

spatialisation puisque les deux types de mesure permettent plus ou moins le schéma de l’autre,<br />

c’est-à-dire que les deux lectures sont possibles. <strong>Le</strong> sentiment paradoxal est en définitive plus<br />

léger en ce que ni la syntaxe ni la versification ne font ressentir clairement la contradiction :<br />

comme la phrase accepte une pause entre les deux termes, l’insistance de la coupure en fin de<br />

vers perd de sa force, induisant par conséquent le même affaiblissement dans l’effet de sens.<br />

Un autre type de schéma lié à la place en fin de vers et début du suivant est celui de la<br />

répétition du même terme, c’est-à-dire de l’anadiplose comme dans cet exemple de Los<br />

límites de la memoria<br />

Ir pautando el silencio,<br />

un silencio que cambia cada día. 526<br />

<strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> consiste ici à dissocier le silence de lui-même : la notion de silence étant<br />

par définition absolue, définir des silences différents semble impossible puisque son unique<br />

caractéristique est l’absence de son, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun trait distinctif qui séparerait<br />

au moins deux aspects du silence. La dissociation de l’identité du silence est répétée par<br />

l’effet de spatialisation issue de la répétition du terme de part et d’autre des deux vers de la<br />

citation. Outre le jeu des articles qui signifient ce passage de l’absolu au particulier 527 , le<br />

<strong>paradoxe</strong> se construit par l’opposition entre l’anadiplose qui vient supposer la superposition à<br />

l’identique de la notion de silence et l’enjambement qui au contraire signifie l’absence<br />

d’identité entre les deux termes. Nous retrouvons le jeu paradoxal constitué de la tension<br />

inconciliable entre rapprochement et éloignement, qu’il soit physique ou sémantique.<br />

<strong>Le</strong>s enjambements forts (encabalgamientos) séparent des termes entre lesquels la<br />

relation syntaxique ne supporte pas de pause. Si les exemples en sont très nombreux, ils sont<br />

<strong>chez</strong> Jenaro Talens très souvent doublés par la présence d’une pause forte juste avant la fin du<br />

vers :<br />

526 LA, p. 47.<br />

527 L’article défini servant à définir un genre, un notion globale et l’article indéfini jouant le rôle d’extracteur<br />

d’un élément particulier de ce genre parmi l’ensemble des autres cas particuliers possibles : du concept, de la<br />

notion, nous passons alors à l’élément concret et particulier qui se sépare des autres éléments particuliers<br />

desquels il partage des traits communs le faisant appartenir à ce genre, mais dont il se différencie par des traits<br />

spécifiques.<br />

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