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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Au-delà des nombreuses typologies déjà existantes 26 , nous proposons ici une division<br />

des propositions paradoxales en deux catégories : les <strong>paradoxe</strong>s logiques et les <strong>paradoxe</strong>s<br />

étymologiques suivant la source provoquant le sentiment paradoxal.<br />

1.2. Définition du <strong>paradoxe</strong> logique : importance de l’axe syntagmatique<br />

Une proposition paradoxale est un <strong>paradoxe</strong> logique lorsque les éléments de l’énoncé<br />

amènent à ne plus pouvoir respecter leurs relations logiques définies par les lois de non<br />

contradiction et de tiers exclu. Dans cette perspective c’est la syntaxe qui sera prépondérante.<br />

En effet, si le sémantisme des termes de la propositions renvoie au système connu du lecteur,<br />

c’est leur relation syntaxique qui obligera à des rapports inacceptables. La principale source<br />

de <strong>paradoxe</strong>s est alors le jeu sur des termes contraires (termes qui ne peuvent êtres vrais tous<br />

les deux, mais qui peuvent faux tous les deux comme par exemple vivant/mort) et<br />

contradictoires (des termes qui ne peuvent être tous les deux vrais ou faux en même temps<br />

comme par exemple vivant/non-vivant).<br />

L’origine syntaxique dans la création du <strong>paradoxe</strong> logique <strong>chez</strong> Jenaro Talens est<br />

particulièrement visible dans cet exemple de proposition paradoxale :<br />

26 Il existe une première typologie du <strong>paradoxe</strong> qui pour un champ de connaissance particulier distingue un type<br />

de <strong>paradoxe</strong>s : il y a les <strong>paradoxe</strong>s propres aux mathématiques, ceux particuliers à la physique, ceux spécifiques<br />

à la philosophie. Néanmoins, certains aspects se recoupent, et il est difficile d’établir toujours une limite<br />

imperméable entre chaque type de <strong>paradoxe</strong>s. Par ailleurs que ce soit d’un point de vue synchronique ou<br />

diachronique un grand nombre de typologies du <strong>paradoxe</strong> a été mis en forme. Ainsi, par exemple, une division<br />

répartit les <strong>paradoxe</strong>s en trois catégories :1) les <strong>paradoxe</strong>s syntaxiques sont ceux dont la contradiction qui est à la<br />

base du <strong>paradoxe</strong> se forme par un simple jeu de syntaxe dont l’exemple type est le <strong>paradoxe</strong> des ensembles de<br />

Russell (Ce <strong>paradoxe</strong> est apparu pendant le renouveau des mathématiques au début du XXème siècle. Bertrand<br />

Russell le formule pour la première fois en 1902 dans une lettre à Gottlob Frege. <strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> des ensembles<br />

peut s’énoncer en ces termes : soit W l’ensemble des ensembles qui ne sont pas éléments d’eux-mêmes ; W est-il<br />

alors un élément de lui-même ou non ? Sa formulation populaire est celle du <strong>paradoxe</strong> du barbier : « le barbier<br />

d’un village rase toutes les personnes qui ne se rasent pas elles-mêmes, et seulement celles-là ; le barbier du<br />

village se rase-t-il lui-même ? ») ; 2) les <strong>paradoxe</strong>s sémantiques sont ceux qui se constituent autour d’un cercle<br />

vicieux au niveau de leurs expressions dont l’exemple type est le <strong>paradoxe</strong> du menteur (une des formulations du<br />

très célèbre <strong>paradoxe</strong> du menteur peut se résumer ainsi : « dans la situation où une personne affirme ‘je mens’,<br />

cette personne dit-elle la vérité ? ». L’origine de ce <strong>paradoxe</strong> reviendrait à Eubulide de Milet, au IVème siècle<br />

avant Jésus Christ) ; 3) les <strong>paradoxe</strong>s pragmatiques sont ceux dont la contradiction se situe dans l’action même.<br />

D’autres typologies plus savantes voient régulièrement le jour comme celle que Yannis Delmas Rigoutsos<br />

développe dans sa thèse de doctorat le <strong>paradoxe</strong> et le savoir où il y propose une classification tripartite de<br />

l’ensemble de ce qu’il définit comme <strong>paradoxe</strong> : les paradoxies – ou dilemmes - d’abord qui sont basés sur<br />

l’autoréférence et qui ne trouvent pas de solution ; les paracosmies ensuite qui se rapprochent des <strong>paradoxe</strong>s<br />

cognitifs, c’est-à-dire lorsque il existe un conflit entre des faits admis par le sujet ; les paralogies enfin qui situent<br />

le <strong>paradoxe</strong> au cœur même du raisonnement. L’ampleur du discours sur le <strong>paradoxe</strong> n’a pas toujours été le même<br />

au long de l’histoire mais a connu trois moments particulièrement forts ; l’antiquité, la scolastique et l’avènement<br />

des mathématiques modernes au début du XXème siècle. Par ailleurs, le philosophe Olivier Abiteboul voit dans<br />

le <strong>paradoxe</strong> l’origine et le moteur même de la philosophie, et en dresse une typologie distinguant <strong>paradoxe</strong>s<br />

ontologiques, <strong>paradoxe</strong>s anthropologiques, <strong>paradoxe</strong>s de la politique, de la morale et de la religion, <strong>paradoxe</strong>s de<br />

la connaissance et de la méthode. Voir la bibliographie sur le <strong>paradoxe</strong>, et plus particulièrement l’ouvrage de<br />

Olivier Abiteboul le <strong>paradoxe</strong> apprivoisé, Paris, Flammarion, 1998.<br />

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