24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Dans cette perspective le poème devient un espace de l’entre-deux où se mêlent réalité<br />

et fiction comme dans ces vers de Aqualung :<br />

y en esta habitación que inunda su vacío compruebo mi fluir<br />

en las sílabas intencionadamente oscuras de un monólogo extinto<br />

la música que producen las cosas al ser pensadas<br />

como un sonido como un dolor que el sonido articula<br />

mientras mi lengua paladea la irrealidad de lo real 302<br />

Nous trouvons ici le même fonctionnement d’un discours qui ne respecte plus les<br />

règles habituelles de la langue (et par conséquent peut être ressenti comme obscur dans le<br />

cadre d’une compréhension normée), mais qui se relie alors à la musique et mène en dernier<br />

lieu à inscrire le corps de la voix poématique dans un état paradoxal où le réel ne suppose plus<br />

le rejet de l’irréel comme son contradictoire : à l’inverse il est possible de toucher cet irréel<br />

qui est un élément du réel.<br />

Cette présence de la fiction à l’intérieur du réel n’est pas que le signe d’un non respect<br />

de la loi de contradiction soutenue par la doxa : ce <strong>paradoxe</strong> de départ entre le réel et la fiction<br />

a pour corollaire la réunion de ce qui existe et ce qui n’existe pas, de ce qui a été vécu<br />

empiriquement et ce qui n’a pas été vécu, de la mémoire et de l’ignorance. Cet état d’irréalité<br />

réelle ou de réalité irréelle est énoncé à de nombreuses reprises dans les poèmes talensiens.<br />

Nous l’appelons le monde inexistant.<br />

4. <strong>Le</strong> souvenir empirique non vécu ou le monde inexistant<br />

La neutralisation du rapport contradictoire entre réel et fiction amène à concevoir un<br />

monde qui contient aussi bien l’existence que l’inexistence, c’est-à-dire ce qui relève de<br />

réunion des deux modes de signifiance. Teresa Garbí reprend par exemple l’analyse de Mas y Ramos : « Miguel<br />

Mas y Juan Luis Ramos insistieron también en la idea de que el discurso poético de Talens parece distinguir dos<br />

tipos de realidad : a) una natural, existencial, marcada por el paso del tiempo y condicionada por el lenguaje, y b)<br />

otra generada por el lenguaje poético », « Sobre El sueño del origen y la muerte de Jenaro Talens », in Mi oficio<br />

es la extrañeza, FERNANDEZ SERRATO (ed.), Madrid, Biblioteca Nueva, 2007, p. 293-294. Sergio Sevilla<br />

pour sa part le résume ainsi : « En la obra de Jenaro Talens, « lo real » es lo que tiene efectos sobre el lenguaje<br />

sin que el lenguaje llegue a expresarlo, y ha de distinguirse de « la realidad », que está estructurada como<br />

lenguaje. (…) Hay pues dos tareas a las que contribuye la poesía : 1) la de intentar (…) dar materialidad<br />

linguística a lo real inexpresable ; y 2) intentar cambiar la realidad intentando modificar, por la construcción<br />

poética, la forma habitual en que el lenguaje la configura », « Jenaro Talens : el estilo como política », in El<br />

techo es la intemperie, FERNANDEZ SERRATO (ed.), Madrid, Visor Libros, 2007, p. 157. La « construction<br />

poétique » dont parle Sergio Sevilla est ce que nous nommons « l’axe poétique » : inhérent au langage qui en est<br />

constitué conjointement avec les axes syntagmatique et paradigmatique, il se revèle avec le plus de force dans<br />

l’écriture poétique. Sur ce point, voir l’introduction générale et la troisième partie.<br />

302 CS, p. 112.<br />

138

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!