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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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2.3. <strong>Le</strong> miroir<br />

L’acte autoréférentiel de la connaissance de soi qui induit une division interne entre le<br />

moi regardant et le moi regardé (c’est-à-dire une double présence de sujet et d’objet au sein<br />

d’un même individu) se fait en général à partir du sens de la vue :<br />

miro mis ojos suyos y sus ojos<br />

míos (…) 416<br />

<strong>Le</strong> dédoublement interne entre le moi et l’autre est donc perçu dans cet exemple par le<br />

regard. Or permettre de se regarder soi-même est le propre du miroir 417 . De ce fait, il en<br />

devient le symbole de l’acte d’introspection, et nous le retrouvons à de nombreuses reprises<br />

inclus dans les <strong>paradoxe</strong>s liés à la perception ou au moi :<br />

ese enemigo que inventó el espejo<br />

y me instaló sin verme en su mirada. 418<br />

Dans ces deux vers de Epilogue & After, le miroir comme acte de connaissance de soi<br />

est ressenti comme problématique puisqu’il crée la division interne du sujet : se regarder<br />

revient à regarder l’image de soi, or ce n’est là qu’une image et non le soi directement. Il<br />

faudrait donc que l’œil puisse se voir sans passer par un détour, ce qui est impossible et de ce<br />

fait, on ne peut pas voir son regard. Nous le voyons, le miroir revêt alors <strong>chez</strong> Jenaro Talens<br />

un aspect paradoxal : au lieu d’être ce qui permet la reconnaissance de l’identité, il en devient<br />

le contraire, une source de perte d’identité. <strong>Le</strong> poème en catalan Lament d’en Virgili est tout<br />

à fait explicité à ce sujet :<br />

416 LA, p. 55.<br />

417 L’image du miroir comme représentation de la connaissance de soi est utilisée par Fichte comme nous l’avons<br />

vu (cf infra, note 381), mais joue aussi un rôle premier dans la théorie de Lacan, ce qui n’est pas sans lien avec la<br />

perspective talensienne (voir la lecture de René Jara, infra, p. 175, note 389) . Rappelons que selon le<br />

psychanalyste l’individu ne se constitue en tant que moi qu’au sein de sa relation avec autrui. Cela commence<br />

<strong>chez</strong> le jeune enfant avec l’important stade du miroir. Pour Lacan en effet « le moi est absolument impossible à<br />

distinguer des captations imaginaires qui le constituent de pied en cap : pour un autre et par un autre ». En<br />

d’autres termes, dès qu’un enfant se perçoit, il cherche sa vérité dans des images d’autrui auxquelles il<br />

s’identifie. De ce fait, l’individu s’identifie à un moi qui n’est qu’une image, que le résultat de tous les regards<br />

des autres. Dans cette perspective, guérir revient à se retrouver, à enlever une par une toutes ces images<br />

auxquelles on s’identifie pour revenir à soi. Or pour Lacan, tout ce processus est mis en place par le langage. <strong>Le</strong><br />

stade du miroir et la place du langage dans la définition du moi sont développés dans deux essais (« <strong>Le</strong> stade du<br />

miroir comme formation de la fonction du ‘je’ », et « Fonction et champs de la parole et du langage ») publiés<br />

avec 25 autres articles au sein de l’ouvrage Ecrits, Seuil, Paris, 1966, 2 tomes.<br />

418 LA, 181.<br />

186

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