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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Ces trois vers qui ouvrent le poème abordent le <strong>paradoxe</strong> de la folie et de la lucidité : à<br />

contre pied de la position doxique, le voix poématique choisit la folie comme source de<br />

lucidité. D’une manière générale, le jeu de parallélisme entre les deux états mentaux se fait<br />

dans les deux vers puisque les deux pôles lucidez (v. 2) et locura (v. 3) sont accentués sur la<br />

même syllabe, la sixième, place forte de l'hendécasyllabe, tandis qu'ils sont inversés en finale.<br />

<strong>Le</strong>s deux premiers vers sont des hendécasyllabes dont le second est particulièrement<br />

remarquable par sa structure doxique en 1-6-10. Cet exemple de métrique peut se lire comme<br />

le point de vue de la doxa qui rejette la folie. A l’inverse, le troisième vers commence comme<br />

un alejandrino, mais le second hémistiche vient rompre la structure attendue en ne comptant<br />

que six syllabes et en terminant de façon abrupte sur un oxyton. Ce vers boiteux peut alors<br />

être lu comme la posture inhabituelle, inattendue de la voix poématique qui choisit la folle<br />

lucidité. L’effet rythmique contrarie donc l’horizon d’attente et double la signifiance issue de<br />

la syntaxe.<br />

Un autre exemple plus particulier de rythme frustré consiste à empêcher le lecteur à<br />

suivre les règles de la métrique espagnole. Nous en trouvons un exemple particulièrement<br />

explicite dans une proposition paradoxale exprimant la dissociation essentielle du moi<br />

poématique :<br />

yo mismo / es un error 579<br />

1 3 1 4<br />

Ce vers se situe au cœur du poème final de Cenizas de sentido, El cuerpo fragmentario<br />

qui n’est en rien un texte traditionnel. La première remarque est de relever la rupture interne<br />

très forte imposée par le symbole / qui est le signe conventionnel de l’hiatus. En ce sens, nous<br />

pouvons voir ici une volonté imprimée dans le texte d’imposer une lecture nonconventionnelle<br />

au lecteur. D’un point de vue rythmique, cette pause violente renvoie les<br />

deux pôles dos à dos, ce que faisait déjà la spatialisation. En effet, le yo ouvre le vers alors<br />

que error le ferme. Cependant le rapprochement paradoxal des deux pôles contradictoires se<br />

fait par la syntaxe et par le jeux des sons : les deux syllabes accentuées sont composées du<br />

même phonème [o], suggérant une équivalence de sens.<br />

579 CS, p. 226.<br />

282

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