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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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est rejeté en fin de vers. L’effet de spatialisation est donc moindre parce que le deuxième<br />

terme n’est pas à la fin du vers. En revanche l’écho entre les deux occurrences est renforcé par<br />

l’effet de spatialisation de la phrase d’une part et par l’effet phonique d’autre part 498 .<br />

Il est intéressant de remarquer que lorsque les pôles se situent au début et à la fin de la<br />

proposition paradoxale, mais pas en début et fin de vers, d’autres procédés sont utilisés pour<br />

renforcer leur rapport. Il y a comme une sorte de compensation du déficit de signifiance lié à<br />

l’absence de localisation spécifique dans le vers. Ainsi dans l’exemple de Fabulación sobre<br />

fondo de espejo cité plus haut 499 , c’était le sonnet et sa structure traditionnelle contrariée qui<br />

servait à faire apparaître avec force la place des pôles en début et fin de phrase : la tension<br />

entre l’horizon d’attente liée au rythme, à l’organisation du sonnet et les pauses qu’induisent<br />

la ponctuation et les phrases de la proposition paradoxale oblige à considérer et la structure du<br />

poème classique et celle de la syntaxe commune 500 .<br />

Un autre exemple de compensation est présent dans les derniers vers de Significación<br />

de la máscara (II) :<br />

pues lo que algunos llaman la verdad<br />

no es sino el acto que solidifica<br />

metáforas antiguas reino del sentido 501<br />

Dans ce fragment, il y a une inadéquation entre la phrase et le vers puisque les deux<br />

pôles se situent en fin et début de vers, mais pas en tête et fin de phrase (dont la syntaxe est<br />

floue par ailleurs) : la réfutation de la vérité commune se fait par l’affirmation de son identité<br />

avec son contraire représenté ici par metáforas. L’absence de marquage syntaxique clair est<br />

compensé par une situation physique particulière dans le vers. En outre, le sentiment<br />

d’association paradoxale et d’inversion de la définition de la vérité est renforcé par l’inversion<br />

chronologique du début et de la fin. Effectivement, pendant la lecture le terme verdad apparaît<br />

d’abord, mais en position finale, puis vient son contraire metáfora situé quant à lui en tête de<br />

vers.<br />

498<br />

Ceci renvoie bien sûr aux études rythmiques et phoniques. Néanmoins, nous voyons à quel point les différents<br />

niveaux du discours sont interdépendants : dans cette proposition paradoxale, si le rythme n’entre pas en jeu d’un<br />

point de vue signifiant (il ne propose pas d’écho particulier entre les deux luz), la spatialisation dans la phrase et<br />

la répétition des sons de leur côté sont impliqués dans la signifiance du <strong>paradoxe</strong> par les effets d’écho,<br />

d’attraction et/ou de répulsion qu’elles provoquent de pair avec la syntaxe et le sémantisme. Nous voyons bien à<br />

quel point les trois axes syntaxique, paradigmatique et poétique s’imbriquent dans la construction du sens.<br />

499<br />

Cf. infra p. 239.<br />

500<br />

Encore une fois, c’est un autre niveau de signifiance, le rythme, qui vient compenser la lacune de la<br />

spatialisation.<br />

501<br />

CS, p. 120.<br />

243

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