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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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alors de percevoir où se situent ces pôles dans la proposition, et le type de relation ou d’effet<br />

que cette place induit. Or, en poésie la notion de place renvoie non seulement à la phrase mais<br />

aussi au vers.<br />

2. <strong>Le</strong> vers talensien face à la phrase syntaxique<br />

Percevoir la place d’un élément d’une proposition en poésie demande d’établir la<br />

distinction entre la phrase syntaxique d’une part et le vers de l’autre, puisque l’un et l’autre<br />

donnent lieu à deux types de mesure distincts : définir le début et la fin d’une phrase n’est pas<br />

nécessairement définir le début et la fin d’un vers. Si en poésie traditionnelle une certaine<br />

adéquation entre les deux pouvait être de mise, l’écriture contemporaine s’est largement<br />

affranchie de cette pseudo obligation. La poésie de Jenaro Talens non seulement s’inscrit dans<br />

cette perspective, mais même souvent semble la revendiquer en télescopant l’organisation de<br />

la phrase et celle du vers. <strong>Le</strong>s exemples en sont fort nombreux et parfois même tout à fait<br />

extrêmes comme dans cet extrait du poème IIIii.-’95 poems’ où les vers et les strophes sont en<br />

décalage total avec la phrase :<br />

ojos ojos<br />

están mirando (si<br />

empre)mirando mientras<br />

crecen la tierra el cielo<br />

unos con el mil<br />

agro hasta(ver<br />

el)con el (…) 483<br />

Nous le voyons, le rejet de l’adéquation entre place du vers et syntaxe est très fort<br />

puisque non seulement nous ne pouvons même plus parler d’enjambements, mais qu’en plus<br />

le découpage des mots d’un vers à l’autre ne respecte pas la norme de séparation entre deux<br />

syllabes : en effet le mot siempre devrait pour le moins être découpé en siem / pre et non en si<br />

/ empre comme le fait le poème. De nombreux autres exemples attestant de la distinction entre<br />

le vers et la syntaxe traversent l’œuvre de Jenaro Talens.<br />

Précisons que nous opposons ici proposition syntaxique et vers uniquement d’un point<br />

de vue spatial, c’est-à-dire par rapport à la coupe en fin de vers, lorsque l’on passe au vers<br />

suivant. Il ne s’agit pas ici de définir le vers par rapport à son nombre de syllabes, à son mètre<br />

483 CS, p. 125.<br />

237

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