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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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La notion d’évidence, qui a donné le mot axiome 35 que l’épistémologie définit comme ‘vérité<br />

évidente en soi’, est le point de départ de la logique. Un autre point de départ est une vérité<br />

non évidente, mais que l’on nous demande d’accepter, d’admettre (parce qu’elle est<br />

indémontrable ou qu’elle n’est pas encore démontrée) ; en ce cas, il ne s’agit plus d’un<br />

axiome mais d’un postulat. Néanmoins, puisque la poésie ne renvoie pas à notre réel mais au<br />

monde créé et inclus dans les poèmes, le décalage entre vérité et réalité devient beaucoup plus<br />

flou, voire inopérant.<br />

1.2.3. Logique et langage<br />

La logique est l’outil le plus utilisé afin d’étudier le monde et sa structure de façon<br />

rigoureuse. Aussi est-il nécessaire d’exprimer cette analyse dans un langage qui suive<br />

correctement la logique. Mais le langage s’accorde-t-il aux lois logiques, en donne-t-il la<br />

stricte rigueur ? Suivant les époques les philosophes occidentaux ont répondu positivement<br />

puis négativement à cette question.<br />

Lorsqu’en 1662 Antoine Arnault et Pierre Nicole écrivent La logique ou l’art de<br />

penser 36 – ouvrage plus connu par le titre la Logique de Port Royal - les règles formelles de<br />

la langue, la grammaire et la syntaxe sont considérées comme des représentations parfaites<br />

des règles logiques. <strong>Le</strong>s auteurs voient dans la logique ce qui permet le jugement, lequel se<br />

rapporte à deux actions, soit celle de nier, soit celle d’affirmer. Juger revient donc à s’appuyer<br />

sur la logique bivalente (dont les lois principales sont le tiers exclu et la non-contradiction), ce<br />

que le langage traduit par le verbe être en ce qu’il donne l’affirmation ou la négation<br />

essentielle, celle de l’existence ou de la non-existence. Être est alors ce qui exprime<br />

l’opération de logique fondamentale 37 .<br />

35 Du grec αξιωμα ‘ce qui est convenable ; ce qui va de soi’.<br />

36 ARNAULT, Antoine, NICOLE, Pierre, La logique ou l’art de penser (1662), Flammarion, Paris, 1970.<br />

37 « Après avoir conçu les choses par nos idées, nous comparons ces idées ensemble ; et, trouvant que les unes<br />

conviennent entre elles et que les autres ne conviennent pas, nous les lions ou délions, ce qui s’appelle affirmer<br />

ou nier, et généralement juger.<br />

Ce jugement s’appelle aussi proposition, et il est aisé de voir qu’elle doit avoir deux termes : l’un de qui l’on<br />

affirme ou de qui l’on nie, lequel on appelle sujet ; et l’autre que l’on affirme ou que l’on nie, lequel s’appelle<br />

attribut, ou praedicatum.<br />

Et il ne suffit pas de concevoir ces deux termes ; mais il faut que l’esprit les lie ou les sépare : et cette action<br />

de notre esprit est marquée dans le discours par le verbe est, ou seul quand nous affirmons, ou avec une particule<br />

négative quand nous nions. Ainsi quand je dis Dieu est juste, Dieu est le sujet de cette proposition, et juste en est<br />

l’attribut ; et le mot est marque l’action de mon esprit qui affirme, c’est-à-dire qui lie ensemble les deux idées de<br />

Dieu et juste comme convenant l’une à l’autre. Que si je dis Dieu n’est pas injuste, est étant joint avec les<br />

particules ne, pas, signifie l’action contraire à celle d’affirmer, savoir : celle de nier par laquelle je regarde ces<br />

idées comme répugnantes l’une à l’autre, parce qu’il y a quelque chose d’enfermé dans l’idée d’injuste qui est<br />

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