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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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2.1. <strong>Le</strong>s <strong>paradoxe</strong>s situés à l’incipit du poème<br />

Puisque par définition l’ouverture est ce que le lecteur lit en premier, cette place en<br />

acquiert une force considérable. <strong>Le</strong> sens contenu dans le premier vers sera, après<br />

l’information du titre, l’horizon d’attente en regard duquel on lira la suite du texte. Dès lors<br />

énoncer un <strong>paradoxe</strong> à l’ouverture revient à donner comme point de référence au lecteur un<br />

sentiment paradoxal qui teintera tous les vers à venir. L’effet sera d’autant plus fort que la<br />

proposition correspondra à la dimension du vers. Prenons l’exemple d’un bref poème du<br />

début de la production poétique de Jenaro Talens, Teoría 447 :<br />

Soy lo que está a mi alrededor<br />

Las mujeres lo entienden.<br />

Una que no es duquesa<br />

A unos cien metros de su carruaje.<br />

Esas, que luego son retratos :<br />

Un oscuro zaguán ;<br />

<strong>Le</strong>cho que encubren las cortinas.<br />

Son instancias tan sólo.<br />

Dans ce texte court à la construction symétrique qui fait correspondre le premier au<br />

dernier vers, l’ouverture est un <strong>paradoxe</strong> type : le moi définit son essence (soy) par ce qui a<br />

priori ne l’est pas, c’est-à-dire le monde l’entourant. Ce début est une manière de choquer,<br />

provoquer le lecteur dans sa propre appréhension du moi et du monde. <strong>Le</strong>s deux strophes<br />

suivantes permettent ensuite d’élucider le <strong>paradoxe</strong>, d’en comprendre le sens : le moi est ici le<br />

moi social (duquesa) qui se définit par rapport à des caractéristiques non essentielles<br />

(carruaje). De là découle la norme ici cristallisée par le canon classique du portrait : plus que<br />

le portrait lui-même, c’est la règle du genre qui est opérante. <strong>Le</strong> dernier vers enfin vient<br />

rappeler que le monde extérieur, constitué en normes, a impérativement besoin du moi pour<br />

exister. <strong>Le</strong> rapprochement des deux vers du début et de la fin indique que le moi se constitue à<br />

travers ces normes, et que réciproquement ces normes appellent un moi pour s’établir. Nous<br />

retrouvons un des thèmes habituels de Talens, à savoir le basculement du réel à la fiction dans<br />

la recherche d’un moi profond et essentiel ressenti mais introuvable.<br />

447 CS, p. 123.<br />

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