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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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7. Fonction poétique du <strong>paradoxe</strong><br />

Il nous faut maintenant revenir à l'évidence première : les <strong>paradoxe</strong>s qui constituent<br />

notre objet d'étude sont inclus dans des poèmes, ils sont l'expression poétique d'un sujet qui a<br />

choisi cette forme pour dire ce qu'il a à dire. Si nous utilisons cette tautologie, c'est que lui-<br />

même, dans son prologue de 1989 introduisant l'édition de Cenizas de Sentido refuse<br />

d'accorder un statut conventionnel – nous disons doxique - à ses poèmes. Ces textes, que les<br />

critiques en leur temps qualifièrent d’ « expérimentaux », d’ « hermétiques », ou<br />

excessivement « intellectualisés », l'auteur, après avoir repoussé avec ironie quelques<br />

explications traditionnelles, explique à quel point son écriture ne veut se soustraire à<br />

l’endoctrinement de la pensée unique, c’est-à-dire à la doxa.<br />

Sans prétendre définir l'art poétique de Talens, ce qui excèderait notre sujet, il nous<br />

faut maintenant considérer la charge poétique des <strong>paradoxe</strong>s. D'abord dans leur écriture, puis<br />

dans leur fonction : qu'apportent-ils au poème, quelle place laissent-ils au lecteur, à l'auteur,<br />

enfin, ne conduisent-ils pas à une connaissance renouvelée du monde et de soi?<br />

7.1. L'écriture poétique des <strong>paradoxe</strong>s<br />

Nous connaissons la difficulté à définir la poésie et le terme « poétique ». Cependant,<br />

ces textes sont appelés « poèmes » et Talens accorde à ce terme un sens familier au lecteur.<br />

Celui-ci, pris dans sa définition doxique de la poésie, attend donc une forme, une langue, un<br />

lexique, des procédés différents de la prose, qui serait le langage ordinaire. <strong>Le</strong>s <strong>paradoxe</strong>s<br />

talensiens mènent-ils donc à un rejet de la définition doxique de la poésie ? La réponse est<br />

bien sûr affirmative.<br />

Avec Jenaro Talens, nous pouvons repartir de la doxa de la poésie pour la dépasser.<br />

L’auteur utilise le premier critère du poème : il écrit en vers (c’est le cas de la très grande part<br />

de ses recueils, surtout le second, même si les poèmes en prose ne sont pas rares). Au sein de<br />

cette forme globale, le vers libre domine mais certains mètres traditionnels (alejandrinos,<br />

hendécasyllabes, heptasyllabes, etc.) sont extrêmement présents de manière visible ou plus<br />

discrète, comme nous l’avons constaté dans l’étude du rythme. Cependant les conventions<br />

sont brisées car, nous l’avons vu, les différents niveaux de rythme (mètres, prose, syntaxe,<br />

etc.) se côtoient et se superposent.<br />

En ce qui concerne le lexique, peut-on parler de vocabulaire poétique? La poésie<br />

classique et traditionnelle estime que certains mots sont réservés à la poésie, et d'autres<br />

doivent en être exclus parce qu'ils expriment une réalité triviale. Voilà une posture tout à fait<br />

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