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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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de vista, nunca la anécdota argumental » 726 . Nous voici avertis, c'est donc à une lecture<br />

paradoxale du moi que le poète invite le lecteur, car comme l'annonce le titre d'un poème -<br />

Prohibido asomarse al interior – l’analyse du moi ne mène à rien sinon au vide selon le titre<br />

de l’anthologie théorique de Talens, El sujeto vacío 727 .<br />

<strong>Le</strong> statut paradoxal du moi a donné lieu à un suffisant examen en deuxième partie<br />

pour qu'il ne soit pas repris ici ; cependant, l'effet poétique de ce traitement mérite que l'on se<br />

penche sur l'expression de ce moi non unique.<br />

Car, comment alors la poésie peut-elle conduire à la connaissance (du monde et de soi)<br />

si la notion même de soi est niée? Une des questions fondamentales qui résonne dans les<br />

poèmes est qui suis-je, et qui est « je ». Et cette question ne concerne pas l'individu qui écrit,<br />

mais la notion même de ce moi qui parle. Talens cherche une réponse non pas en lui mais à<br />

l'extérieur de lui et notamment dans ses poèmes. En effet, le moi n'est plus sujet mais objet<br />

produit de l'écriture : le texte introductif de la seconde anthologie El largo aprendizaje,<br />

s'intitule Cuanto ignoro de mí. Ce poème semble fait de scènes passées, d'incertitudes mais le<br />

dernier vers dit la vérité paradoxale : « esa oquedad que asume mis contradicciones/ todo<br />

cuanto sus versos han escrito de mí ». Ainsi l'oeuvre n'asserte pas la réalité de son auteur, au<br />

contraire : « El poema es el acto que me destituye/.../ proceso que construye mi<br />

desaparición. » 728 . Voilà encore une posture inacceptable pour le poète doxique, mais qui est<br />

le point de départ du post-moderniste.<br />

La poésie paradoxale conduit-elle donc le moi, entité indéfinie et interchangeable à sa<br />

propre connaissance ou à sa propre disparition? La réponse est oui pour les deux cas : elle<br />

mène à une connaissance paradoxale, par le biais de l' « extraspection ». <strong>Le</strong> mouvement<br />

ordinaire de la poésie du moi part du « je » vers le monde extérieur, bien distinct de ce moi<br />

confondu avec l'énonciateur, alors que dans l'optique talensienne, le monde extérieur existe et<br />

comprend le moi :<br />

este muro contiene cuanto ignoro de mí.<br />

Lo que viví, lo supo : una máscara estéril<br />

donde la luz ya no me reconoce,<br />

mientras me inscribe el alba sobre el ojo gris. 729<br />

726<br />

CS, p. 8.<br />

727<br />

El sujeto vacío. Cultura en el territorio de Babel, Madrid, Cátedra, 2000.<br />

728<br />

CS, p. 78.<br />

729<br />

CS, p. 127.<br />

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