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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Au-delà de cet exemple extrême où la logique d’enchaînement des propositions dans<br />

un but de démonstration est ce qui construit le poème, d’autres textes peuvent utiliser un<br />

déroulement logique de façon moins abrupte. C’est le cas par exemple de cet extrait de la<br />

quatrième partie du poème Los martín-pescadores :<br />

En torno a una apariencia, un modelo común, surgimos<br />

múltiples. ¿Cómo, si no, es posible,<br />

si somos lo que fuimos,<br />

que hoy hallemos placer<br />

donde antes no lo hallamos?¿Que amemos<br />

objetos que se oponen? ¿Que admiremos y/o encon-<br />

tremos<br />

fallas? 101<br />

A partir d’une constatation (“hoy hall[a]mos placer / donde antes no lo hallamos”), le<br />

moi poématique en arrive à une théorie paradoxale (« En torno a una apariencia, un modelo<br />

común surgimos / múltiples ») afin d’accorder satisfaction cognitive et réflexion<br />

intellectuelle. En revanche sa conclusion provoque le sentiment paradoxal pour le lecteur car<br />

sa réflexion intellectuelle logique ne correspond pas à sa vision du monde.<br />

Dans cet exemple, le monde du moi poématique et celui du lecteur diffèrent : pour le<br />

premier effectivement, la contradiction semble être la nature profonde des choses. Cette<br />

différence s’appuie sur une forme logique du discours. La logique dans les poèmes peut donc<br />

servir à prouver, à démontrer un point de vue. C’est là un usage traditionnel du discours<br />

logique théorique. Par ailleurs, la logique sert aussi à provoquer une réaction <strong>chez</strong> le lecteur,<br />

en opposant une conclusion qui a priori n’est pas la sienne. Toutefois nous sommes en poésie<br />

et la démonstration logique est exception, le moi poématique recourant beaucoup plus<br />

fréquemment à une formule logique courte qui s’oppose à la logique du lecteur créant de cette<br />

façon le <strong>paradoxe</strong>. En tout état de cause, nous voyons que l’outil logique est présent, et<br />

semble très souvent être utilisé d’une manière ou dans un objectif inhabituels pour le lecteur.<br />

A travers cet exemple, nous pouvons distinguer les deux grands types de propositions<br />

paradoxales auxquels le lecteur fait face dans l’œuvre talensienne. Effectivement, pour qu’il y<br />

ait <strong>paradoxe</strong>, il faut qu’un élément ne soit pas dans la relation logique attendue avec un autre<br />

élément. La proposition paradoxale peut alors contenir ces deux éléments et les établir dans<br />

une relation inacceptable pour le lecteur. Nous parlerons alors de <strong>paradoxe</strong> in praesentia en ce<br />

101 CS, p. 137.<br />

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