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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Ainsi, quel que soit le biais par lequel le moi soit abordé, la présence du toi comme<br />

personne inséparable, c’est-à-dire incluse dans le moi, est inévitable. En conséquence, le moi<br />

est un <strong>paradoxe</strong> en ce qu’il est aussi le toi 393 .<br />

1.2.2. L’association du moi et du lui<br />

L’inter-existence entre le moi et le toi peut s’amplifier à la troisième personne : si le<br />

moi est intimement lié au toi jusqu’à en dépendre absolument, il en va de même pour ce qui<br />

est de l’ordre du lui, c’est-à-dire ce dont on parle, que ce soit le monde, un objet, une<br />

personne, ou une pensée. L’idée que le moi contienne intrinsèquement le toi et le monde dans<br />

son ensemble, est exprimée par exemple dans le poème à teneur très théorique Oscuridad de<br />

los bajorrelieves :<br />

Ver cómo, comprobar por medio de la inteligencia que la<br />

otredad que existe en cada objeto, que es cada objeto, la<br />

otredad que deviene uno mismo por un simple ejercicio de<br />

autorreflexión. 394<br />

L’identité entre le monde et le moi provoque alors des associations entre la première<br />

et la troisième personne comme l’ouverture du poème Escribir la parábola :<br />

Ser ella, y él, sus máscaras, yo, el mismo<br />

rostro y la sombra que le niega 395<br />

Dans cet exemple, le verbe être provoque l’identité entre le moi et la troisième<br />

personne, <strong>paradoxe</strong> amplifié par le nombre et le genre : le moi s’associe en effet à deux<br />

personnes qui plus est de genre différent (elle et lui) ainsi qu’à plusieurs masques.<br />

Remarquons par ailleurs, que ce double <strong>paradoxe</strong> est lui-même inclus dans le <strong>paradoxe</strong> de<br />

l’existence à travers le jeu de la lumière et du visible / invisible.<br />

393<br />

Sartre, dans L’Etre et le Néant reprend ce <strong>paradoxe</strong> du moi : « L’être de la conscience ne coïncide pas avec<br />

lui-même dans une adéquation plénière. Cette adéquation, qui est celle de l’en-soi, s’exprime par cette simple<br />

formule : l’être est ce qu’il est. Il n’est pas, dans l’en-soi, un parcelle d’être qui ne soit à elle-même sans<br />

distance. Il n’y a pas dans l’être ainsi conçu la plus petite ébauche de dualité. […] La caractéristique de la<br />

conscience, au contraire, c’est qu’elle est une décompression d’être. Il est impossible en effet de la définir<br />

comme coïncidence avec soi. […] le sujet et l’attribut sont radicalement différents et ceci, pourtant, dans l’unité<br />

indissoluble d’un même être. », L’Etre et le Néant – Essai d’ontologie phénoménologique, (1943), Gallimard,<br />

Paris, 1976. <strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> est donc que l’être est un et pluriel à la fois.<br />

394<br />

CS, p. 102.<br />

395<br />

LA, p. 39.<br />

176

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