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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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la pensée commune 73 . Et si le poème est ce « maillon faible » qui fissure la métaphysique,<br />

c’est que le rythme y trouve toute sa place.<br />

<strong>Le</strong> poéticien récuse ainsi l’idée d’un fonctionnement duel du langage dont le couple<br />

signifiant / signifié serait le symbole en ce que cela implique nécessairement un rapport de<br />

subordination entre les deux termes. <strong>Le</strong> résultat de la critique du signe est que la<br />

métaphysique est une « métaphysique de l’origine » qui a pour objectif la recherche de<br />

l’essence, de la vérité unique. Meschonnic assimile cette attitude à une stratégie de<br />

domination en ce que l’unité ne permet pas la reconnaissance de la pluralité, des différences.<br />

Afin de s’extraire du signe, le poéticien propose alors une théorie qui confère au signifiant<br />

une place centrale sans pour autant retomber dans le dualisme en lui opposant un signifié 74 .<br />

Pour ce faire, Meschonnic s’inscrit dans une pensée du continu, dont la signifiance et le<br />

rythme sont le modèle, et où le signifiant n’est plus subordonné au signifié. Pour ne pas<br />

retomber dans l’unité et respecter la pluralité, le poéticien a alors recours aux contradictions<br />

tenues, à une dialectique non résolue, créative et toujours en action. Cette perspective<br />

s’appuie sur les notions inséparables d’historicité 75 et de sujet 76 .<br />

La critique du signe partait du refus de la division traditionnelle signifiant/signifié et<br />

par la suite de la séparation langage ordinaire/langage poétique. La signifiance <strong>chez</strong><br />

Meschonnic est ce qui permet de neutraliser ces couples 77 . La signifiance semble donc tout<br />

73<br />

La poésie comme discours de résistance est une idée présente <strong>chez</strong> de nombreux poètes ou philosophes. Outre<br />

Meschonnic, nous pensons ainsi par exemple à Deleuze pour qui il existe un « rapport si étroit entre l’acte de<br />

résistance, et l’œuvre d’art. Tout acte de résistance n’est pas une œuvre d’art, bien que, d’une certaine manière<br />

elle en soit. Tout œuvre d’art n’est pas un acte de résistance et pourtant, d’une certaine manière, elle l’est. »<br />

(Qu’est-ce que l’acte de création, conférence donnée dans le cadre des mardis de la fondation Femis le 17-05-<br />

1987, disponible en ligne sur www.webdeleuze.com). Voir aussi la note 8 de cette introduction.<br />

74<br />

Supplanter le signifiant au signifié serait finalement avoir la même vision unificatrice et exclusive en inversant<br />

juste les rôles.<br />

75<br />

Meschonnic définit deux types différents d’historicité. Outre la notion connue issue de Benveniste, le poéticien<br />

en donne une seconde signification restreinte : elle est une « contradiction tenue entre la résultante des lignées<br />

qui mènent, et la nécessité vitale à ce moment précis de ne pas être défini par elles (…) l’historicité est l’aspect<br />

social de la spécificité » Critique du rythme. Anthropologie historique du langage, Lagrasse, Verdier, Paris,<br />

1982, p. 27. Historicité comme contradiction tenue donc entre nouveau et ancien, entre histoire et sujet. Cette<br />

perspective, par la présence du sujet ne peut mener à une stabilité mais au contraire à un processus en continuelle<br />

création. Par ailleurs Meschonnic oppose l’historicité à l’historicisme qui appartient au champ du signe qu’il<br />

critique. L’historicisme est alors la réduction du sens aux conditions sociales et historiques qui l’ont déterminé ce<br />

qui a pour corollaire la perte tant du sujet du discours que du sujet lecteur.<br />

76<br />

Sur ce point Meschonnic dépasse Benveniste dans les marques textuelle de la présence du sujet dans le<br />

discours. Alors que pour l’auteur des Problèmes de linguistique générale le sujet prenait place à travers les<br />

« opérateurs d’énonciations » (principalement les personnes, les déictiques, les temps verbaux), Meschonnic fait<br />

de l’ensemble du système de l’œuvre ce qui définit le sujet : « La spécificité littéraire, poétique, est donc le<br />

maximum de contraintes (variables selon la dimension, le « genre ») qu’un discours puisse produire. Seule une<br />

« histoire » - ni une conscience, ni une intention – peut qu’un discours soit système. <strong>Le</strong> système du je n’est ni<br />

liberté ni volonté, ni choix ni refus. Il n’est pas un vouloir-dire. Il est imprédictible… », Critique du rythme,<br />

Verdier, Paris, 1982, p. 86.<br />

77<br />

« Cette neutralisation implique une fonction représentative du langage comme discours, à tous les niveaux<br />

linguistiques, dans l’ordre d’intonation, la phonologie, la morphologie, la syntaxe (l’ordre des mots),<br />

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