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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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par l’organisation phonique (c’est-à-dire la suite particulière de consonnes et de voyelles, la<br />

dimension sonore), le rythme accentuel (c’est-à-dire la place des accents toniques dans le<br />

discours 442 ) et la place physique des mots (c’est-à-dire leur disposition spatiale) 443 . Ces<br />

éléments pourtant ressentis comme essentiels en poésie sont très peu abordés en linguistique<br />

générale alors qu’ils sont toujours présents dans tout type de discours. Ainsi, hormis en<br />

littérature, quelle étude de texte se préoccupe-t-elle d’aspects phoniques ou de la place des<br />

mots 444 ? Ces remarques sont en général absentes, ou au mieux très partielles et senties<br />

comme tout à fait secondaires. Or ils portent à nos yeux une grande partie de la signifiance, à<br />

savoir l’ensemble de ce qui dépasse l’instrumentalisme et le conceptuel de la communication.<br />

Si un discours signifie, c’est par sa totalité. La signifiance se doit d’être globale.<br />

Séparer les trois axes et un type de signifiance propre à chacun n’est qu’un artifice technique<br />

qui permet l’analyse. Car chaque axe est interdépendant de l’autre : modifier la syntaxe amène<br />

à changer l’ordre des mots, à modifier la chaîne phonique et l’accentuation. Un axe ne porte<br />

pas plus la signifiance qu’un autre, tous la construisent dans le même temps. Cependant donc<br />

leur séparation artificielle est indispensable à l’étude. <strong>Le</strong> travail consiste par la suite à<br />

percevoir les types de relations qui s’établissent entre chaque axe, entre chaque signifiance<br />

secondaire et qui donnent une signifiance globale. Cette dernière par ailleurs n’est pas figée et<br />

unique mais au contraire revient à être une somme de significations potentielles. Si le<br />

sémiotique permet d’établir les significations possibles de chaque axe, le sémantique est la<br />

signifiance globale qu’organise un lecteur lors d’une lecture momentanée à partir des<br />

significations inférieures 445 .<br />

442 Nous reprenons la définition habituelle du rythme, c’est-à-dire la définition restreinte de Meschonnic qu’il ne<br />

faut pas confondre avec sa dimension globale de signifiance générale.<br />

443 Que les spécialistes de poésie prennent ces éléments en compte et les étudient en profondeur est certain. En<br />

revanche, c’est la claire et nette distinction entre chacun de ces constituants d’une part, et de l’autre leur<br />

interaction provoquant la signifiance de l’axe poétique qui bien souvent manque de précision. Nous en voulons<br />

pour exemple cette remarque de Jenaro Talens : « a veces, una escritura responde (…) al orden de lo musical, del<br />

ritmo y uno no sabe muy bien por qué esa palabra está ahí o no », Negociaciones para una poética dialógica,<br />

Madrid, Biblioteca Nueva, 2002, p. 97. A travers cette citation, nous voyons que le poète semble donner pour<br />

identique les effets de spatialisation (orden, por qué esta palabra está ahí o no), de son (lo musical) et de rythme<br />

(el ritmo) : une confusion entre les trois composants de l’axe poétique que nous souhaitons éviter afin de<br />

percevoir plus clairement son mode de signifiance.<br />

444 Ce type de travail intervient toutefois dans les discours publicitaires, mais aussi dans l’analyse de certains<br />

discours (comme les discours politiques par exemple). Voir sur ce point l’ouvrage de Kerbrat-Orechionni La<br />

Connotation, Lyon, PUL, 1977.<br />

445 C’est principalement sur ce point que nous sentons une différence par rapport à Meschonnic. Ce qu’il nomme<br />

rythme dans son acception large pourrait constituer ce que nous nommons ici axe poétique, voire la réunion des<br />

trois axes puisque pour Meschonnic le rythme recouvre et provoque la totalité de la signifiance. Il y a là à nos<br />

yeux un déséquilibre entre la composante rythmique et les composantes restantes du langage. Car si selon<br />

Meschonnic tout est rythme, pour nous le rythme est partout. La différence est de taille car cela signifie qu’il<br />

partage l’espace du discours avec le lexique et la syntaxe dont il est indissociable. <strong>Le</strong> rythme de Meschonnic a<br />

pour écueil une disproportion qui mène à une hiérarchisation (hiérarchisation pourtant rejetée par le poéticien) :<br />

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