24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Outre le <strong>paradoxe</strong> sur le moi que nous étudions plus en avant 108 , l’adjonction du no<br />

entre l’article et le nom provoque le même schéma paradoxal que nous décrivions dans<br />

l’exemple précédent. <strong>Le</strong> sentiment de négation d’existence impliquant une négation de<br />

l’espace semble cohérente, mais la permanence d’une forme de manifestation dans cette<br />

absence est tout à fait paradoxale.<br />

Une remarque importante à l’heure de présenter les <strong>paradoxe</strong>s in absentia consiste à<br />

relever la très faible quantité de ces propositions par rapport aux <strong>paradoxe</strong>s in praesentia.<br />

Nous en avons en effet répertorié une quinzaine, ce qui est quantitativement parlant très faible<br />

en regard du second type qui comptabilise plus de deux cent cinquante propositions<br />

paradoxales. Par ailleurs, le champ thématique abordé par les <strong>paradoxe</strong>s in absentia est lui<br />

aussi beaucoup plus restreint : seules quelques grandes lois universelles semblent remises en<br />

cause comme la loi de la gravitation ou celle de l’existence de l’espace. Nous sommes loin<br />

des multiples paradigmes que les <strong>paradoxe</strong>s in praesentia traitent et que nous présentons dans<br />

la deuxième partie de ce travail. Enfin, parce que le <strong>paradoxe</strong> in absentia ne se construit<br />

presque pas à travers l’axe syntaxique, il semble avoir un impact bien moins fort pendant la<br />

lecture des poèmes. La sensation d’étrangeté parfois choquante des propositions paradoxales<br />

sera en effet proportionnelle aux nombres de dimensions du langage qui les construisent :<br />

qu’un <strong>paradoxe</strong> s’édifie à partir des dimensions syntaxique, sémantique et poétique permet<br />

une plus grande richesse de relations contradictoires. Par définition les <strong>paradoxe</strong>s in absentia<br />

sont alors comme amputés face à la force des <strong>paradoxe</strong>s in praesentia.<br />

L’ensemble des ces raisons conduit à ne pas faire du <strong>paradoxe</strong> in absentia une figure<br />

majeure de l’écriture paradoxale talensienne. La seule exception serait néanmoins la force des<br />

propositions définissant une absence d’espace. En effet, les autres <strong>paradoxe</strong>s in absentia<br />

peuvent s’élucider avec une certaine facilité : dire par exemple que rien ne meurt revient à<br />

rappeler que la matière en elle-même ne disparaît pas mais change d’état ; la loi de la<br />

gravitation quant à elle n’existe plus dans l’espace et fournit à la littérature de science fiction<br />

de nombreuses possibilités. En revanche l’affirmation d’un non-espace est beaucoup plus<br />

ardue à conceptualiser : la question est alors comment imaginer le vide, la vacuité si ce n’est<br />

par un espace ? Cela renvoie aux fondements de l’existence puisque pour qu’existence il y ait,<br />

il faut qu’elle puisse prendre place au sein d’un espace préalable. Dans cette perspective, de<br />

108 Voir le chapitre dédié aux <strong>paradoxe</strong>s du moi dans la deuxième partie, p. 164 et suivantes.<br />

59

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!