24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

écupérée par la doxa. Mais au moins depuis Hugo ou Baudelaire, on sait bien qu'il n'y a pas<br />

de sujets ou de mots « poétiques »! Talens, contrairement à Mallarmé, (qu'il cite) ne recherche<br />

pas l'effet par l'emploi de mots rares, presque inouïs, mais par leur mise en relation inattendue.<br />

Il provoque un effet de surprise, d'étrangeté : rumor de sombra, insomnio de piedra sans pour<br />

autant reprendre les rencontres inattendues surréalistes. Car si le <strong>paradoxe</strong> ne fonctionne pas<br />

sur le lexique mais sur les associations de mots provoquant des images et des métaphores,<br />

l’approche des Surréalistes qui par le rapprochement non logique de deux termes ou de deux<br />

images font naître une nouvelle vision est très différente : <strong>chez</strong> Talens, l'alliance de deux<br />

mots n'a pas la gratuité et l’intellectualisation surréalistes, car partant d’un constat elle<br />

construit une nouvelle signifiance.<br />

<strong>Le</strong> travail sur le lexique porte sur les figures, c’est-à-dire évidemment la comparaison,<br />

la métaphore et l'oxymore. Ces trois figures par leur construction, permettent le<br />

rapprochement de deux termes, deux notions éloignées et pour l'oxymore, opposées. Nous<br />

comprenons alors qu'elles permettent l'expression paradoxale. Ainsi, par exemple, Alfredo<br />

Saldaña appelle-t-il « métaphore » le mouvement incessant et contradictoire du réel 707 . <strong>Le</strong><br />

rapprochement de deux notions concrètes ou abstraites provoque toujours un effet fort sur le<br />

lecteur, d'adhésion ou de rejet, le plus souvent d'émotion esthétique. Bien que nous ayons<br />

écartée la métaphore et les images de notre étude dès la définition du sujet d’étude, parce que<br />

justement, elles procèdent de la même façon, il nous semble intéressant à ce stade de l’analyse<br />

de les rapprocher des propositions paradoxales.<br />

La première remarque est que de toute évidence la poésie talensienne est constituée<br />

d’un grand nombre de comparaisons et métaphores aux rapprochements inattendus : « Este<br />

silencio es dulce como un río » 708 , « el miedo es verde como el agua » 709 . Il ne s'agit pas tant<br />

ici d'opposition que d'un rapprochement non logique (nous l’appelons association). Mais le<br />

sentiment poétique naît de cette nouvelle notion en faisant voir au lecteur un lien auquel il<br />

n'avait jamais pensé. <strong>Le</strong>s métaphores abondent : « soy la espuma de un pensamiento » 710 ,<br />

« escucho el fuego del insomnio » 711 . Ici, l'alliance d'un terme abstrait et d'un terme concret<br />

crée une nouvelle réalité. De même la synesthésie est-elle un procédé d'écriture constant dans<br />

la poésie de Talens, (« el sonido de la oscuridad », « el rumor de lo visible ») qui renvoie<br />

707<br />

« la literatura sería de este modo una metáfora perfecta de la imperfección del mundo, de esa realidad<br />

dinámica y cambiante, de la transitoriedad de la vida », « Anotaciones en un cuaderno », in El techo es la<br />

intemperie, ibid., p. 288.<br />

708<br />

CS, p. 107.<br />

709<br />

LA, p. 21.<br />

710<br />

CS, p. 115.<br />

711<br />

LA, p. 17.<br />

356

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!