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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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ne sont pas en soi des <strong>paradoxe</strong>s, mais qui s’en rapprochent beaucoup. Ceci nous amène à<br />

entrevoir les effets des <strong>paradoxe</strong>s sur l’ensemble du poème. Nous en distinguons deux<br />

principaux : l’effet de contagion et d’accumulation.<br />

4.2. Effet de contagion et accumulation<br />

Au sein du poème El cuerpo fragmentario la séparation entre les propositions<br />

paradoxales et le reste du texte est rendue plus floue encore par la présence de propositions<br />

pseudo paradoxales dont ce vers peut être un exemple : « su nombre es la mirada que nada<br />

mira excepto mi ceguera ». Bien que cette proposition soit tout à fait acceptable par la logique<br />

ou par la doxa, dans le contexte de fragmentation et d’association paradoxale, la relation entre<br />

le regard à destination unique et la cécité peut prêter à confusion de la part du lecteur. De la<br />

même façon les deux vers « las frases se amontonan / este silencio a la deriva » n’impliquent<br />

pas nécessairement une association entre le son et le silence, mais dans le contexte général de<br />

l’écriture talensienne, et plus particulièrement dans ce poème, le lecteur pourra avoir tendance<br />

à se faire emporter par une habitude interprétative issue des autres vers. Nous pourrions en<br />

effet être incités à associer le regard et la cécité (alors que ce sont deux éléments distincts) ou<br />

le silence et le son des phrases (alors que non seulement il peut s’agir de phrases écrites, donc<br />

silencieuses, mais en plus l’organisation du poème ne permet pas d’établir de lien certain<br />

entre les vers qui se suivent).<br />

Il y a là comme une ambiguïté de certaines propositions qui utilisent tous les éléments<br />

des <strong>paradoxe</strong>s, sans pour autant en constituer un. A ceci se rajoute la densité importante de<br />

propositions paradoxales d’une part et l’omniprésence de la fragmentation de l’autre (qui est<br />

en soi une notion paradoxale). Par la force de ce contexte se crée ce que nous nommons l’effet<br />

de contagion paradoxale qui est à l’œuvre de façon très visible dans El cuerpo fragmentario<br />

mais qui se retrouve aussi dans l’ensemble de l’œuvre étudiée : le lecteur, bousculé par une<br />

écriture qui brouille les attentes habituelles, peut voir des <strong>paradoxe</strong>s là où il n’y en a pas. Se<br />

crée donc une sorte de contagion, ou d’effet métonymique, qui développe un nouvel horizon<br />

d’attente propre à la poésie talensienne. <strong>Le</strong>s propositions paradoxales mettant souvent en jeu<br />

des notions clés comme le jour et la nuit par exemple, le lecteur par anticipation pourra<br />

associer la lumière et l’obscurité sans que le texte ne l’y invite. <strong>Le</strong>s propositions paradoxales<br />

par la combinaison d’une part de la force de leur impact sur le lecteur, et de l’autre l’écho<br />

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