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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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<strong>Le</strong> sentiment paradoxal naît ici de l’inadéquation entre l’affirmation d’un être qui<br />

passe de corps en corps et son impossibilité scientifique telle que le définit notre système<br />

organisateur du monde. C’est un <strong>paradoxe</strong> étymologique puisque la tension entre les<br />

satisfactions cognitives et intellectuelles ne provient pas tant d’une structure logique interne à<br />

la proposition que de la remise en cause d’une des lois du système d’organisation général, ou<br />

d’une opinion.<br />

De la même façon que le <strong>paradoxe</strong> logique se construit en regard de la logique, le<br />

<strong>paradoxe</strong> étymologique s’édifie par rapport à une certaine définition de l’opinion, de la<br />

doxa 43 . Définir le para-doxa étymologique demande donc une vision claire de la doxa.<br />

1.3.1. La doxa<br />

Définition<br />

La doxa est ce que pense la majorité des gens, ce qui est pressenti sans réflexion<br />

préalable comme étant valide, vrai. <strong>Le</strong> problème de la doxa – et c’est ce qui l’exclut de la<br />

philosophie 44 , de la connaissance 45 – c’est qu’elle prétend instaurer le vrai par une affirmation<br />

43<br />

Nous choisissons le terme de DOXA et non d’opinion. Ce dernier mot est en effet tout à fait courant, et<br />

recouvre plusieurs sens souvent mal définis les uns par rapport aux autres. Nous donnons quant à nous une<br />

signification particulière à cette notion, et c’est pourquoi, afin d’éviter les confusions, nous prenons le mot le<br />

moins 44 employé par la majorité. Nous utilisons le terme doxa car il est moins polysémique que sa traduction.<br />

Pour l’opposition entre la philosophie et la doxa voir par exemple Epictète : « Voici le point de départ de la<br />

philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la recherche de l'origine de ce<br />

conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l'opinion pour<br />

déterminer si on a raison de la tenir, l'invention d'une norme, de même que nous avons inventé la balance pour la<br />

détermination du poids, ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit et ce qui est tordu.<br />

Est-ce là le point de départ de la philosophie ? Est juste tout ce qui paraît tel à chacun. Et comment est-il<br />

possible que les opinions qui se contredisent soient justes ? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous<br />

paraissent à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyptiens ? Plutôt que celles qui<br />

paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas suffisante<br />

pour déterminer la vérité.<br />

Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de mesures de la simple apparence, mais<br />

nous avons inventé une norme pour ces différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme<br />

supérieure à l'opinion ? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer et de découvrir ce<br />

qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire ? Il y a donc une norme. Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne<br />

pas la trouver, et après l'avoir trouvée, pourquoi ne pas nous en servir par la suite rigoureusement, sans nous en<br />

écarter d'un pouce ? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé, délivrera de leur folie les gens qui se servent<br />

en tout d'une seule mesure, l'opinion, et nous permettra, désormais, partant de principes connus et clairement<br />

définis, de nous servir, pour juger des cas particuliers, d'un système de prénotions. »<br />

EPICTETE Entretiens, II, tr. fr. G. Budé, <strong>Le</strong>s Belles <strong>Le</strong>ttres<br />

Platon quant à lui dans le Ménon (ch. XXXIX) et dans la République (livre VII) oppose la doxa (δοξα) à la<br />

pensée rationnelle (νόησις) et au savoir (επιστήμη). Néanmoins les deux dernières notions sont souvent<br />

substituées l’un à l’autre, et donc ne se distinguent pas toujours clairement.<br />

45<br />

L’opposition entre l’opinion et la science est un point examiné entre autre par Bachelard : « La science, dans<br />

son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point<br />

26

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