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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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La distinction entre les deux niveaux de signification est donc toujours valide. Mais<br />

nous pouvons remarquer une particularité de l’axe poétique. Pour être le porteur du connoté et<br />

de l’émotif, du sensitif et du non-raisonné, il est celui qui donne le plus de place aux<br />

spécificités du sujet. Il est celui qui s’éloigne le plus du code, de la convention partagée par la<br />

communauté. Dans l’axe poétique se révèle le plus l’individualité, voire l’unicité de chaque<br />

sujet et de chaque lecture. En cela il devient incontournable en poésie puisque c’est le genre<br />

qui laisse le plus de place à la particularité de chaque lecteur réel à travers le travail<br />

d’interprétation et le niveau sémantique de signification.<br />

Nous voyons dans l’organisation en trois axes du langage une répartition plus stable et<br />

claire qui permet de fédérer les apports incontournables et de la linguistique générale moderne<br />

et des poétiques. Cette perspective ne se configure pas à partir de nouvelles notions, mais<br />

seulement nous semble permettre de les assembler de façon cohérente.<br />

Tout discours met en œuvre les trois axes. Cependant, le poème sera ce discours<br />

particulier qui redonne plus de valeur à l’axe poétique quand les autres types de discours le<br />

négligent, font mine de l’effacer. Mais lorsqu’un lecteur, ou un auditeur, ressent un texte<br />

comme poétique en dehors de toute inscription dans un genre, c’est qu’il y perçoit par sa<br />

sensibilité l’axe poétique. Dès lors, et puisque tout discours a une composante poétique<br />

inhérente au langage, n’importe quel texte peut potentiellement devenir un poème 446 . C’est en<br />

ce sens que le sentiment poétique développé dans la réception d’un texte dépend d’une<br />

convention, d’un apprentissage de valeurs et règles culturelles propres à une société : la mise<br />

en lumière du troisième axe est inséparable de l’inscription historique du sujet (notion<br />

couvrant l’auteur, la voix poématique, le lecteur abstrait et le lecteur réel) et de l’objet (le<br />

discours et ses constituants).<br />

Puisque, donc, le troisième axe s’élabore dans le discours par l’interaction des plans<br />

phonique, spatial et rythmique, nous avons choisi de les étudier dans cette troisième partie au<br />

sein de trois chapitre distincts. Nous pensons de cette façon pouvoir mettre en relief l’apport<br />

général de l’axe poétique dans la construction des propositions paradoxales. C’est pourquoi<br />

le rythme est pour lui un ensemble supérieur contenant des sous-ensembles (les niveaux accentuels, prosodiques,<br />

lexicaux et syntaxiques). Dans notre vision il n’y a pas d’ensemble supérieur, seule est à l’oeuvre une corrélation<br />

des trois axes, et les sous ensembles en revanche se déduisent respectivement des trois axes. Par exemple le sous<br />

ensemble poétique se constitue des niveaux accentuels, prosodiques et des effets de spatialisation.<br />

446 Raymond Queneau dans Loin de Rueil faisait dire à un de ses personnages que l’on pouvait faire de la poésie<br />

même avec du « jus de chaussettes ». Jenaro Talens pour sa part inclut dans ses poèmes des extraits de discours<br />

de Mao qui ne sont pourtant au départ que des écrits théoriques, politico-philosophiques. L’affirmation que tout<br />

discours peut devenir poème reste toutefois assez délicate : car s’il devient un poème par son inscription dans un<br />

recueil de poésie, ce n’est pas pour autant qu’un discours contiendra avec force et netteté une dimension<br />

esthétique, poétique.<br />

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