24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>paradoxe</strong> qui part du sentiment paradoxal d’un lecteur sujet. Enfin la notion de signifiance<br />

constituée du double processus sémiotique et sémantique de création de sens nous semble tout<br />

à fait appropriée à l’analyse des différents degrés de compréhension et d’interprétation des<br />

textes poétiques. En somme, la théorie de Benveniste donne les éléments nécessaires à l’étude<br />

de poèmes, sans pourtant qu’ils soient suffisants 64 .<br />

2.2. <strong>Le</strong> discours poétique : Jakobson et Meschonnic<br />

La spécificité du discours poétique, et partant, de la création de sens qu’il suppose<br />

pendant sa réception a donné lieu à d’innombrables théories. En regard de la relative stabilité<br />

de la théorie du discours ordinaire, l’étude de la production poétique est tout à fait mouvante<br />

et parfois contradictoire. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes appuyé sur deux<br />

sources principales, à savoir Jakobson et Meschonnic.<br />

Afin de définir et de décrire les éléments du discours qui provoquent et constituent la<br />

production poétique, une des réponses les plus connues reste celle de Jakobson : c’est la<br />

fonction poétique qui, dans le langage, va révéler la poésie quand est conférée moins<br />

d’importance aux autres fonctions. Jakobson définit alors la marque linguistique de la<br />

fonction poétique dans le discours par le principe d’équivalence, c’est-à-dire quand le principe<br />

de l’axe de sélection est projeté sur l’axe de combinaison. 65 Dès lors l’unité de base devient<br />

les syllabes s’organisant en séquence, que le linguiste rapproche du vers. La mesure de la<br />

séquence est donc tout à fait comparable à la musique par la prépondérance donnée à la force,<br />

la hauteur, la sonorité des syllabes la composant. Chaque syllabe crée un rapport avec les<br />

autres syllabes au sein de la structure supérieure, le vers, mais aussi au sein de la<br />

superstructure qu’est le poème dans sa totalité. La fonction poétique s’appuie ainsi sur la<br />

dimension phonique, rimique et rythmique ce qui provoque un réseau de relations nouveau<br />

entre chaque unité du discours. Or ce réseau s’établit par le jeu de la ressemblance ou de la<br />

64<br />

Meschonnic a partagé ce point de vue puisqu’il avoue avoir voulu appliquer la théorie de Benveniste à l’étude<br />

de la poésie. Benveniste pour sa part bien qu’il n’ait pas étudié le langage sous cet angle se disait néanmoins<br />

« immensément » intéressé par le poème, reconnaissant dans le même temps que son travail et celui<br />

généralement de la linguistique ne s’était pas encore penché véritablement sur le fait poétique si l’on en croit<br />

l’entretien qu’il avait accordé au dernier numéro du Nouvel Observateur de l’année 1968 et reproduit dans le<br />

deuxième chapitre du second tome des Problèmes de linguistique générale (pp. 29-40), et plus particulièrement<br />

cet échange (p. 37) : « - Vous avez prononcé le mot de poème. Est-ce que le langage poétique est intéressant<br />

pour la linguistique ? – Immensément. Mais ce travail est à peine commencé. On ne peut dire que l’objet de<br />

l’étude, la méthode à employer soient encore clairement définis. Il y a des tentatives intéressantes mais qui<br />

montrent la difficulté de sortir des catégories utilisées pour l’analyse du langage ordinaire. »<br />

65<br />

Voir la dernière partie des Essais de linguistique générale Editions de Minuit, Paris, 1969, et sur ce point plus<br />

particulièrement les pages 220 et suivantes.<br />

38

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!