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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Muerte que instaura que dispersa muerte<br />

Su silencio borrase<br />

La posibilidad misma de silencio 148<br />

La dissociation consiste ici en ce que si le silence peut effacer le silence, alors c’est<br />

qu’il efface autre chose que lui-même (sinon il ne s’effacerait pas, il resterait lui-même), et<br />

que par conséquence il n’est pas du silence. Pour l’énoncer autrement nous pouvons dire : si<br />

un élément A annule un autre élément, c’est que ce second élément n’est pas A, car A+A=A.<br />

La notion d’addition ou plutôt de superposition est ici contenue dans le sémantisme de<br />

borrase et c’est sa nature grammaticale de verbe qui définit la relation entre les deux<br />

éléments. Nous le voyons, les deux éléments identiques se nient l’un à l’autre à cause du<br />

sémantisme de l’outil grammatical qui les connecte dans une phrase affirmative.<br />

Nous pouvons entrevoir un fonctionnement identique d’addition d’un même élément à<br />

lui-même avec l’usage de l’adjectif otro comme dans cet exemple extrait de Exilios :<br />

Sombra en su cénit de otra sombra, inmóvil<br />

en tu movilidad, sé que tú no eres tú<br />

sino una brecha inscrita por el tiempo<br />

en esta noche que no abdica 149 .<br />

Superposer une ombre à une autre ombre ne semblerait pas constituer en tant que tel<br />

une dissociation en ce que l’adjectif otra permet de définir un autre élément singulier<br />

appartenant à un même terme générique : au sein du genre ombre, on distingue une espèce<br />

d’ombre d’une autre. Mais cela sous-entend que chaque espèce d’ombre se définit par au<br />

moins un trait distinctif (par exemple le degré d’obscurité de l’ombre). Or rien dans le poème<br />

ne permet de définir explicitement ce trait distinctif entre les deux ombres. En revanche le<br />

contexte contient des <strong>paradoxe</strong>s évidents, comme le parallélisme inmóvil / en tu movilidad ou<br />

le <strong>paradoxe</strong> corrigé tú no eres tú / sino una brecha. Ainsi, parce que le texte est implicite sur<br />

la relation des deux occurrences du terme sombra (particulièrement à cause de l’absence<br />

d’article devant le premier sombra), et parce que nous sommes dans un contexte où les<br />

<strong>paradoxe</strong>s sont présents, le lecteur peut être incité à interpréter cette proposition comme une<br />

dissociation d’un élément générique, la sombra, par lui-même. En effet, comment distinguer<br />

l’eau de l’eau, la lumière de la lumière ou l’ombre de l’ombre, si on prend ces termes d’un<br />

point de vue générique ? Si on définit qu’il y a l’eau (et non une eau) et l’autre eau (sans que<br />

148 CS, p. 200.<br />

149 LA, p. 167.<br />

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