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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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dénommée « poésie », il se donne à lire et il ne ménage pas son lecteur. Il recherche, « au-delà<br />

de la simple déglutition de significations superficiels, la production de sens de la part du<br />

lecteur ». Nous reconnaissons là la théorie de la réception, et si le lecteur doit faire la moitié<br />

du chemin, il arrive qu'il reste sur le bord du poème quand sa vision ne peut entrer dans<br />

l'étrangeté des énoncés paradoxaux à cause de leur distance trop grande entre les deux<br />

horizons d'attente, celui du poème et celui du lecteur. Car le <strong>paradoxe</strong> dans les poèmes<br />

talensiens pointe une nature non-duelle, c’est-à-dire la reconnaissance d’une certaine essence<br />

du monde et des relations (émotives et analytiques) que cela suppose au sein de l’univers<br />

poématique. A chaque lecteur ensuite d’en faire un retour ou non dans sa réalité, de le<br />

transformer en connaissance autre, aporétique, en métaphore, en métaphysique ou débat<br />

existentiel personnel. Il est vrai que c'est alors son horizon d'attente qui se modifie, car le<br />

regard étonné apprend à voir autrement la réalité. La poésie, et l'art en général, a toujours joué<br />

ce rôle de faire percevoir sous une forme nouvelle ce qui semblait une évidence doxique 719 .<br />

Ce que nous apporte la poésie du <strong>paradoxe</strong>, en plus de la beauté formelle des images,<br />

c'est une connaissance nouvelle, une connaissance différente, connaissance du réel,<br />

connaissance de soi qui en fait partie.<br />

8. La connaissance<br />

Dans cette perspective, le <strong>paradoxe</strong> devient la nature première du poème, du moi, et<br />

renvoie in fine au même processus que le <strong>paradoxe</strong> scientifique traditionnel : issu d’un constat<br />

qui met à bas les repères précédents, il provoque d’abord l’incompréhension, puis par son<br />

écriture mène à la possibilité d’une nouvelle connaissance. Si d’une part le <strong>paradoxe</strong> joue un<br />

rôle majeur dans le développement de la connaissance générale (en science et en philosophie),<br />

que d’autre part la poésie est souvent présentée comme une voie de connaissance<br />

différente 720 , et que, enfin, Jenaro Talens affirme que « ce n’est pas communiquer qui<br />

[l]’intéresse, mais connaître » 721 , nous voyons à quel point l’écriture talesienne peut se voir<br />

719 Proust, parlant du choc que provoque une forme non traditionnelle écrit : « le peintre original, l’artiste<br />

original procèdent à la façon des oculistes. <strong>Le</strong> traitement, par leur peinture, par leur prose, n’est pas toujours<br />

agréable. Quand il est terminé, le praticien nous dit: «Maintenant regardez». Et voici que le monde (qui n’a pas<br />

été créé une fois, mais aussi souvent qu’un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de<br />

l’ancien, mais parfaitement clair. » (A la recherche du temps perdu, II, p. 623)<br />

720 Parmi les critiques talensiens citons par exemple Juan Carlos Fernández Serrato pour qui « el pensamiento<br />

lírico (…) es , por sí mismo, una forme otra de conocimiento », « Introducción », TALENS, Jenaro Cantos<br />

Rodados, Cátedra, Madrid, 2002, p. 60.<br />

721 « Cuando estoy tranquilo y sé dónde estoy, no escribo. No me interesa comunicar sino conocer. (…) Escribir,<br />

por eso, es siempre una aventura. » Negociaciones para una poética dialógica, Biblioteca Nueva, Madrid, 2002,<br />

p. 89.<br />

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