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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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alors de savoir où se situe cette durée du présent. Pour Bergson, sa conclusion est « que ce<br />

que j’appelle « mon présent » empiète tout à la fois sur mon passé et sur mon avenir » 339 . Il y<br />

a ainsi deux temps présents, l’un conçu et exact, l’autre vécu et qui s’expérimente par la<br />

durée 340 .<br />

<strong>Le</strong>s poèmes talensiens se rapprochent de ces théories par bien des aspects. Ainsi par<br />

exemple, la première partie du poème Tesis contradictorias affirme que :<br />

Lo simultáneo adviene como conocimiento<br />

(es una forma de la percepción)<br />

pero subsiste y es<br />

(nos alcanza y rehace, quiero decir) tan sólo<br />

bajo tristes especies de sucesividad.<br />

Palabras y palabras que el discurso diluye<br />

entre la ingenuidad de las simbologías,<br />

una fórmula ambigua,<br />

la inconexión, el verbo y los indicios :<br />

supuesta metamórfosis<br />

de una similitud entre contrarios. 341<br />

L’instant est connu par la perception, mais il ne peut être reconnu que par la<br />

conscience issue du langage, ce qui implique nécessairement le passage du simultané à la<br />

successivité. <strong>Le</strong> temps du moment, le vrai présent, ne peut être que vécu, car l’analyse<br />

mentale induit une recréation dans une dimension contraire – la linéarité – où prend place la<br />

succession passé mental, présent mental, futur mental au sein d’un discours discursif. En<br />

cela, le temps doxique n’est qu’une reconstruction mentale, et l’assimiler à l’instant serait<br />

une erreur.<br />

Si l’instant n’est pas ce qui est généralement pris pour le temps par le plus grand<br />

nombre, alors il n’en partage pas les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire qu’il va se définir<br />

par une sorte d’atemporalité traduite par la notion d’éternité associée à la lumière et l’espace.<br />

Cette présentation de l’instant éternel est par ailleurs une notion répandue, et nous en<br />

trouvons un exemple commun dans le poème It takes two to tango où il accompagne l’acte<br />

amoureux :<br />

339 Henri Bergson, Matière et mémoire, PUF, Paris, 1959, p. 280.<br />

340 Cette différence se retrouve par ailleurs dans la différence entre la sensation d’un individu d’une durée et cette<br />

même durée évaluée scientifiquement. L’analyse du sujet et l’attention portée sur la durée peut provoquer un<br />

sentiment de dilatation ou de compression du temps. Dans cette perspective, on peut parler de temps interne<br />

psychologique. Voir sur ce point les apports de Jean Piaget sur les différentes évolutions de la perception du<br />

temps <strong>chez</strong> l’homme : Perception et notion du temps, dir. Jean Piaget, PUF, Paris, 1967.<br />

341 CS, p. 147-148.<br />

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