UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

attribuer une fonction de dépassement (ou de complémentarité) de la connaissance ordinaire
par, entre autres, la présence des propositions paradoxales qu’elle contient.
Mais la connaissance ne naît pas ici de l’intellect, de l’analyse ou de la raison. Elle est
issue du désarroi, de la confusion, du constat de l'étrangeté du monde. Plus que de
connaissance – terme fortement connoté – il faudrait donc parler de reconnaissance 722 . Que la
portée métaphysique soit ou non présente, il n’en demeure pas moins que le moi poématique
est plongé dans un processus de dévoilement du réel. Il est amené, parfois malgré lui, à
reconnaître la nature des choses telle qu’elle est : impermanente et non-duelle. Dans ce
contexte la fixité n’est plus de mise, elle correspond au mouvement que le paradoxe
provoque :
Lo simultáneo adviene como conocimiento
(es una forma de percepción) 723
Une des fonctions les plus importantes dans la définition traditionnelle de la poésie est
la fonction de l'expression du moi ; cet aspect là est totalement rejeté par Talens, d'une façon
tout à fait explicite dans les discours externes comme le prologue de la première anthologie, et
d'une façon beaucoup plus subtile, dans ses recueils :
(…) Yo solo escribo este poema
no con la ingenua pretensión de expresar lo que siento
(nunca sé lo que siento) sino para que poco a poco sus palabras
puedan iluminar el hueco donde estoy (quiero decir quien soy) 724
Nous pouvons dire que la fonction poétique comme expression de l'âme qui a dominé
toute la poésie romantique et lyrique le révulse : « El papel del poeta predicando la buena
nueva de sus experiencias vitales o de su tristeza post-cogitum me resulta extremamente
patético » 725 . Il refuse absolument que l'on lise ses poèmes à la lumière de l'autobiographie :
« nunca he hablado de mi (...) Quiero decir que lo mío, si así hay que llamarlo, sería el punto
722
Sergio Sevilla parle de connaissance aporétique comme nous le signalions déjà en introduction :
« ‘conocimiento’ no es para Jenaro Talens el logro de una articulación que de cuenta de lo que existe, ni como
descripción ni como explicación. Se trata, más bien, de una actividad, amorosa y dolorosa, que, como algunos
diálogos platónicos, puede acabar aporéticamente, esto es, sin conclusión », « Jenaro Talens : el estilo como
política », in El techo es la intemperie, FERNÁNDEZ SERRATO, J. C. (ed.), Visor Libros, Madrid, 2007, p.
154.
723
CS, p. 147.
724
LA, p. 142.
725
CS, p. 7.
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