24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

il convient de remettre celui-ci au cœur du problème. Sur ce point – et sur d’autres – nous<br />

nous avons recours aux théories d’Henri Meschonnic.<br />

De l’aveu du poéticien lui-même et de ses commentateurs, Meschonnic applique au<br />

discours poétique la théorie de Benveniste qui s’en était tenu à l’étude du discours ordinaire<br />

malgré tout l’intérêt qu’il portait à la poésie 70 .<br />

<strong>Le</strong> rythme est sans conteste la notion essentielle de tout le travail de Meschonnic. Mais<br />

s’il en est le point le plus connu, il n’est pas à extraire d’autres notions desquelles il est<br />

interdépendant. Et c’est là une des grandes difficultés à l’heure de se pencher sur le travail de<br />

Meschonnic : refusant absolument la vision d’un langage instrumentaliste, le poéticien aborde<br />

de front et dans le même temps non seulement un ensemble de disciplines (linguistique,<br />

sociologie, histoire, anthropologie, politique, etc.) mais aussi un ensemble de notions à partir<br />

d’un travail critique. Car son propos est de rompre avec les habituelles perspectives pour se<br />

diriger vers une appréhension globale des choses et du monde via une théorie rejetant la<br />

stabilité et toute idée d’isolement. Tant et si bien que présenter la notion de rythme par rapport<br />

à la spécificité de l’écriture, et par là de la création de sens en poésie, oblige à une<br />

présentation assez générale de l’ensemble de son travail critique théorique 71 .<br />

Meschonnic se propose donc d’aller contre la pensée dominante de la civilisation<br />

occidentale 72 , et le fait par le biais de la poétique puisque le poème est le discours qui résiste à<br />

Tout semble donc concourir à ce que le lecteur s’implique grandement en poésie : la lecture du poème ne peut se<br />

contenter du niveau sémiotique de signification (même si c’est une étape inévitable) et trouve toute sa plénitude<br />

dans le niveau sémantique, c’est-à-dire dans l’interprétation.<br />

70 L’origine de la vision du rythme <strong>chez</strong> Meschonnic vient d’un article de Benveniste : la notion de « rythme »<br />

dans son expression linguistique (publié d’abord en 1951, cet article constitue ensuite le chapitre XXVII du<br />

premier tome des Problèmes de linguistique générale). <strong>Le</strong> linguiste y mène une étymologie des sens de la notion<br />

de rythme. Partant de la vision traditionnelle attribuant au concept de rythme une origine naturelle, la cadence<br />

des vagues sur le rivage, Benveniste montre que cette vision du rythme est une métaphorisation d’un concept<br />

apparu avec Platon. Meschonnic reconnaît pleinement sa dette envers le linguiste : « Ce que j’entreprends ici<br />

n’est possible que par Benveniste, et ne vise qu’à le continuer », Critique du rythme, Verdier, Paris, 1982, p. 45.<br />

71 Or les écrits de Meschonnic ne se laissent pas saisir avec simplicité : sa théorie et sa démarche conduisent à<br />

une vision critique de laquelle il n’est pas toujours facile d’extraire des affirmations simples et concises. Dans<br />

cette tâche, nous a été d’une grande aide le petit ouvrage de synthèse de Lucie Bourassa Henri Meschonnic, pour<br />

une poétique du rythme, Ed. Bertrand-Lacoste, Paris, 1997.<br />

72 Nous pouvons penser que Meschonnic tente finalement de remettre en cause la métaphysique occidentale,<br />

c’est-à-dire de ne pas accepter la doxa qu’elle véhicule. En ce sens son œuvre se base grandement sur ce qu’il<br />

nomme la « contradiction tenue », ce qui ne manque pas d’intérêt dans le cadre de notre travail. Par ailleurs, nous<br />

pouvons remarquer certains parallèles entre Meschonnic et Jenaro Talens, car au-delà de l’importance donnée à<br />

la contradiction ou au <strong>paradoxe</strong>, tous deux partagent leur travail autour des trois activités complémentaires que<br />

sont l’écriture théorique, l’écriture poétique et la traduction.<br />

40

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!