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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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L’alejandrino apparaît entre parenthèses car il s’agit d’une sorte de réflexion<br />

personnelle que la voix poématique se fait à elle-même dans le cours du poème. Il s’agit bien<br />

d’une considération générale niant toute signification à la vie qui se résume in fine au seul<br />

désir, ce que la doxa ne reconnaît pas.<br />

Au-delà de ces emplois peu originaux – comprenons, qui ne s’écartent pas de la<br />

tradition grâce à une dimension personnelle véritable – la période de plus grande maturité de<br />

Jenaro Talens développe des usages qui s’écartent de ce schéma. Ainsi par exemple, une<br />

modification apportée à la tradition de l’alejandrino est que le vers seul ne suffit plus<br />

nécessairement à énoncer la proposition paradoxale :<br />

Esa mirada que no tiene dueño<br />

me señala desde un espacio sin color,<br />

en un lugar donde no estoy,<br />

aunque sé que mi voz, tierra y agua,<br />

[resbala<br />

sobre una niñez que se dispersa, hecha<br />

[añicos, sin mí. 600<br />

4 8 10<br />

3 8 12<br />

4 (7) 8<br />

3 6 / 1 3 6<br />

1 5 (9) 10 12 15<br />

Ces cinq vers de Monólogo de Peter Pan (III) qui développent à nouveau le <strong>paradoxe</strong><br />

du moi sont respectivement un hendécasyllabe, un tridécasyllabe, un ennéasyllabe, un<br />

alejandrino puis un vers de seize syllabes. Nous voyons à quel point le <strong>paradoxe</strong> se diffuse à<br />

travers les cinq vers d’une manière régulière, ce qui n’engage pas à faire de l’un d’eux un<br />

moment particulier. Cela inviterait même à voir dans l’alternance de mètres traditionnels et<br />

non traditionnels comme un aplanissement de leur différence : l’alejandrino n’est alors pas<br />

plus l’apanage d’un discours noble et savant, tout comme le tridécasyllabe n’est pas<br />

nécessairement un mètre inexistant aux yeux du canon métrique. Nous sommes ainsi dans une<br />

forme d’écriture qui se libère du carcan traditionnel pour pouvoir laisser s’exprimer librement<br />

le rythme naturel de l’énonciation.<br />

600 LA, p. 87.<br />

300

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