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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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philosophies. Si aucun dieu n’est reconnu, une transcendance de l’homme dans une dimension<br />

supérieure est au centre de ces doctrines.<br />

<strong>Le</strong> taoïsme 684 part du postulat de l’existence de la voie (le tao) qui est une nature<br />

commune à toute chose et omniprésente dans laquelle tout vient se fondre. <strong>Le</strong> propos de<br />

l’homme sera alors de reconnaître le Tao en lui et en toutes choses et partant, d’harmoniser sa<br />

vie avec cette nature par la pratique de la vertu (basée principalement sur la quiétude). <strong>Le</strong><br />

taoïsme place ainsi l’homme comme un élément parmi le reste du monde à la différence de la<br />

conception occidentale qui a tendance à en faire l’échelon supérieur dans une vision<br />

pyramidale. <strong>Le</strong> symbole taoïste le plus connu est celui du Ying et du Yang qui représente les<br />

deux grands types de forces qui agissent : l’une souple, passive (le ying), l’autre plus dure et<br />

active (le yang). Cependant, l’une et l’autre n’ont pas de connotation particulière (le ying<br />

n’est pas plus positif que le yang, ou inversement) et toutes deux forment un ensemble<br />

indissociable et complémentaire (le point noir du yang surgissant dans le blanc du ying, et<br />

réciproquement). Que ce soit dans le principe unificateur du Tao ou dans le symbole du ying<br />

et du yang, le concept d’une vision explicative basée sur une logique bivalente et exclusive (le<br />

noir et ses caractéristiques excluent le blanc) ne semble guère pouvoir s’appliquer. Dès lors,<br />

les explications taoïstes sont souvent considérées par la métaphysique de l’être comme des<br />

<strong>paradoxe</strong>s.<br />

Du bouddhisme 685 , deux aspects nous paraissent nouer un dialogue important avec<br />

l’œuvre talensienne : la définition du réel d’abord, l’essence du moi ensuite. Dans certains<br />

courants bouddhiques (dont le zen) deux types de réalité sont définies : l’une relative et l’autre<br />

absolue. Si la première correspond à celle que nous percevons ordinairement et sur laquelle se<br />

développe la vie commune et les concepts, la seconde en revanche constitue une<br />

transcendance où seule existe une nature commune (mais ne niant pas l’existence<br />

individuelle) définie par la simple vacuité. Il est important de préciser qu’aucune différence<br />

intrinsèque ne distingue ces deux réalités. Ce sont les êtres qui, plongés dans l’ignorance, ne<br />

voient pas l’aspect absolu qui est le leur et celui du monde. De cette incapacité découle la<br />

croyance en un moi séparé d’un toi 686 : en effet dans la réalité absolue, le moi n’existe pas en<br />

684 Pour une présentation générique du taoïsme et de la pensée chinoise, voir les ouvrages de Isabelle Robinet<br />

dont Comprendre le Tao, ed. Albin Michel, Paris, 2002.<br />

685 Voir sur ce sujet par exemple l’ouvrage de Henri Arvon, <strong>Le</strong> bouddhisme, PUF, 2005, ou ceux très en vogue<br />

ces dernières années de Matthieu Ricard (<strong>Le</strong> moine et le philosophe, ed. Pocket, 1999, avec J. F. Revel,<br />

Plaidoyer pour le bonheur, ed. Nil, 2003). Notons la présentation plus recherchée et complète du livre <strong>Le</strong> monde<br />

du Bouddhisme, dir. Heinz Bechert et Richard Gombrich, ed. Thames & Hudson, Paris, 1998.<br />

686 C’est sur la base de cette ignorance fondamentale et la croyance en un moi illusoire que la souffrance<br />

apparaît. La conséquence en est que la réalité relative se traduit par la souffrance et que la réalité absolue par<br />

l’absence de souffrance.<br />

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