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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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moi poématique. Ceci implique que ces deux temps sont liés à une subjectivité, à une<br />

histoire, une idéologie et un ressenti individuels : ils sont donc relatifs, propres à chaque<br />

sujet, et au mieux partagent des aspects semblables entre plusieurs sujets au sein d’une<br />

communauté 356 .<br />

<strong>Le</strong> temps du monde pour sa part ne peut être appréhendé a priori que par des<br />

principes scientifiques ou philosophiques. Or ce mode de connaissance n’est pas utilisé dans<br />

les poèmes talensiens. <strong>Le</strong> seul accès au temps externe, au présent absolu reste alors la<br />

perception temporelle du sujet, ce qui induit une relativité nécessaire. Néanmoins, nous<br />

pouvons remarquer que l’approche du temps externe s’accompagne très régulièrement de<br />

<strong>paradoxe</strong>s dans les poèmes. Par ailleurs, nous avions déjà vu à quel point le temps est une<br />

donnée majeure pour l’émergence du <strong>paradoxe</strong> dans la constitution de la proposition. Enfin,<br />

au-delà du cadre des textes d’appui, la théorie de la relativité d’Einstein vient infonder la<br />

notion d’absolu liée au temps : le temps est relatif, et ses caractéristiques dépendront in fine<br />

du type de repère d’où est pris en compte le calcul du temps et de l’espace 357 . Cela revient<br />

donc à dire que tout dépend du lieu d’observation. Or, pour ce qui nous concerne, ce lieu ne<br />

fait qu’un avec l’observateur lui-même : cela ne peut être que le moi poématique et le monde<br />

qu’il suppose. Dès lors, le temps est relatif à sa position ainsi qu’à sa nature. C’est pourquoi,<br />

356 Sur ce point, les occidentaux vivant par exemple en Afrique noire peuvent très clairement percevoir la<br />

différence de conception du temps entre les deux cultures.<br />

357 <strong>Le</strong> plus grand bouleversement qu’a subi la notion du temps incluse dans la doxa a été provoqué par Einstein<br />

et la théorie dite de la relativité : comme son nom l’indique, le temps (et l’espace, son corollaire) n’est plus<br />

absolu, même d’un point de vue scientifique. <strong>Le</strong> point de départ est que tout mouvement est relatif, c’est-à-dire<br />

que l’on ne peut trouver aucun point stable, et que par conséquence, on ne pourra mesurer un mouvement qu’à<br />

partir d’un autre point lui-même en mouvement. <strong>Le</strong> mouvement absolu est donc un non-sens scientifique (il<br />

n’existe pas) et on ne peut trouver qu’un autre objet comme point de repère, lui-même en mouvement. Or, la<br />

lumière est le seul objet à ne jamais s’arrêter et ce, toujours à vitesse constante (300.000 km/s), quel que soit le<br />

repère choisi. La conclusion de cette constante est alors que les notions de longueur, de temps et de masse<br />

dépendent de la vitesse à laquelle on se déplace. En effet, si dans un repère donné, un objet semble immobile,<br />

dans un autre repère, ce même objet semble mobile. Mais quand on atteint la vitesse de la lumière, cette donnée<br />

est incompressible (il a été démontré qu’on ne peut dépasser cette vitesse), ce qui fait que les autres données, le<br />

temps, l’espace et la masse, doivent diminuer pour respecter l’équation qui relie la vitesse, le temps, l’espace et<br />

la masse. En résumé, Einstein démontre que « le monde est fixe, en équilibre dans un espace de dimension<br />

quatre » (les trois dimensions habituelles, plus le temps), même si nous ne pouvons pas le percevoir puisque<br />

nous sommes nous-mêmes en mouvement autour d’objets. Dans le cadre de notre vision du temps par rapport à<br />

la doxa, le bouleversement consiste à devoir concevoir le temps et l’espace comme des données compressibles,<br />

ce qui est absolument inimaginable pour la doxa. Si aujourd’hui le nom de la théorie de la relativité est connu, et<br />

reconnu, sa réelle explication scientifique reste accessible aux seuls mathématiciens et physiciens. Néanmoins,<br />

des ouvrages de vulgarisation (dans le bon sens du terme) existent pour le présenter au plus grand nombre.<br />

Citons parmi ceux-ci <strong>Le</strong>s trois étapes de la cosmologie de Merleau Ponty et Bruno Morando aux éditions Laffont<br />

(1971) ; Astronomie et Astrophysique de Marc Séguin et Benoit Villeneuve aux éditions Masson (1995) ; <strong>Le</strong>s<br />

trois premières minutes de l’univers de Steven Weinberg, aux éditions du Seuil (1988).<br />

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