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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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insistent davantage sur la relation paradoxale ou doxique de la proposition. Nous verrons<br />

ensuite les différents jeux sonores liés aux pôles du <strong>paradoxe</strong>.<br />

2.1. La relation phonique doxique<br />

<strong>Le</strong> premier type de relation induit par les sons que nous présentons est celui qui<br />

renvoie à la doxa : lorsque les sons forment une unité autour d’un pôle et l’opposent à l’autre<br />

pôle qui constitue une autre unité phonique différente. De cette manière les sonorités insistent<br />

sur la relation communément admise des pôles et font contraste avec la relation paradoxale<br />

établie par la syntaxe.<br />

Nous en trouvons un premier exemple dans ce vers qui ouvre Arañas que se apagan<br />

en la boca :<br />

El azul es la luz que yace en el interior de toda oscuridad. 626<br />

<strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> est ici celui de l’association entre la lumière et son contraire, l’obscurité.<br />

Or les sons proposent l’association traditionnelle des paradigmes de la lumière tout en les<br />

dissociant du paradigme contraire de l’obscurité. Dans une première partie du vers - el azul es<br />

la luz - nous avons une très forte unité phonique (à travers la paronomase) et rythmique<br />

puisque cet ensemble phonique et lexico-syntaxique forme un heptasyllabe. A l’autre bout du<br />

vers, nous retrouvons une sous-unité rythmique puisque de toda oscuridad est aussi un<br />

heptasyllabe. En revanche les traits articulatoires des phonèmes de chacun des pôles sont très<br />

éloignés : après le groupe des liquides et fricatives alvéolaires ou interdentales associées à la<br />

voyelle [u] accentuée (el azul es la luz), nous trouvons une série d’occlusives dentales ([t] et<br />

[d]) associées à un [a] accentué (toda oscuridad). Dans l’entre-deux du vers et des effets<br />

phoniques, le yace semble agir comme une transition ou une charnière entre les deux pôles :<br />

partageant la fricative interdentale [θ] avec luz et azul, le verbe a pour voyelle tonique un [a]<br />

comme le mot oscuridad. En résumé, dans cette proposition cohabitent la relation paradoxale<br />

exprimée par la syntaxe et le rythme (heptasyllabe et mots oxytons) avec le souvenir de la<br />

relation doxique impliquée par le sémantisme des termes et le jeu des sons. Nous pouvons lire<br />

dans cette ambigüité le sentiment de malaise qui est à l’origine du <strong>paradoxe</strong>, à savoir la<br />

confrontation de la satisfaction cognitive face à l’insatisfaction expérimentale : le lecteur<br />

626 CS, p. 183.<br />

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