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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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nous parlerons alors de <strong>paradoxe</strong> exclus – c’est-à-dire d’une proposition paradoxale qui est<br />

mise en relief dans le texte.<br />

Nous limitons volontairement l’effet de sons au contexte immédiat de la proposition<br />

paradoxale pour savoir s’il est inclus ou exclus. En effet, si le début du poème, par exemple,<br />

offre un effet phonique particulier, celui-ci ne sera pas perçu en relation avec l’énoncé<br />

paradoxal situé trop loin de lui. Car pour qu’un effet sonore soit ressenti par le lecteur, il est<br />

indispensable qu’ait lieu une répétition des mêmes sons, des mêmes combinaisons sonores à<br />

une distance courte pour qu’elle n’altère pas la mémoire sonore du lecteur.<br />

1.1. Paradoxes inclus<br />

Nous croisons un premier exemple de <strong>paradoxe</strong> inclus phoniquement dans le reste du<br />

poème dans Ruinas del monasterio :<br />

(…)<br />

No se precisan tiempo ni lugar : puede sentirse<br />

el temblor de dos labios<br />

besando o pronunciando<br />

su nombre, sin saber.<br />

Sólo el silencio se escucha.<br />

Sólo el mudo dialogar de las sombras cayendo<br />

sobre la casa. Lluvias<br />

han hendido las puertas en un amplio bostezo de oscuridad. (…) 619<br />

La proposition paradoxale sur le son silencieux s’affirme entre autres, par l’effet<br />

sonore issu de l’allitération en [s] 620 : sólo el silencio se escucha. Mais alors que l’association<br />

paradoxale se répète au vers suivant (mudo dialogar), l’effet de sons n’invite pas à les réunir<br />

alors que dans le même temps il insère la première proposition dans le reste du poème. La<br />

nature phonétique des deux propositions paradoxales sémantiquement similaires est en effet<br />

très distincte(sólo el silencio se escucha / el mudo dialogar). A l’inverse, les sons [s] et [θ]<br />

permettent d’établir des liens avec les autres vers, non seulement par l’anaphore en [so] ou<br />

[su] des quatre vers entourant la proposition paradoxale, mais aussi par leur récurrence au sein<br />

d’autres groupements lexicaux comme bostezo de oscuridad. <strong>Le</strong> son participe donc en plein à<br />

l’inclusion du <strong>paradoxe</strong> dans l’ensemble du poème puisque dans cet exemple il indique même<br />

619 CS, p. 51.<br />

620 <strong>Le</strong> système phonologique castillan distingue le [s] du [θ]. Néanmoins dans l’exemple présenté ici, la<br />

proximité des deux sons (qui ne diffèrent que par un trait d’articulation, apico-dental pour l’un, interdental pour<br />

l’autre) participe pleinement à l’effet sonore.<br />

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