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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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puisque ce n’est que par elle qu’il peut exister, s’exprimer : le <strong>paradoxe</strong> ne peut être qu’une<br />

proposition paradoxale.<br />

Nous nous sommes intéressé dans cette première partie à la relation qu’entretient le<br />

<strong>paradoxe</strong> avec la logique. Issu de la double origine d’un discours linguistique basé sur une<br />

logique bivalente dont le verbe être est le plus grand représentant, et d’une appréhension du<br />

monde basée sur la logique bivalente de l’être face au non-être, le sentiment paradoxal surgit<br />

lorsque les deux lois du tiers exclu et de non contradiction ne sont plus respectées. Nous<br />

avons alors dressé une typologie en trois catégories principales des propositions paradoxales :<br />

association, dissociation, parallélisme. <strong>Le</strong> point commun entre chacune des catégories est la<br />

remise en cause des deux lois fondamentale de la logique bivalente. La logique du discours<br />

semblerait par conséquent indiquer que la logique du monde ne se résume pas aux états<br />

définis par la non contradiction et le tiers exclu. Nous retrouvons alors la perspective affirmée<br />

dans Acerca de la práctica citée au début de cette partie : la composante principale du monde<br />

est la contradiction, idée maoïste que René Jara répète dans son essai La modernidad en<br />

litigio quand il dit que le modernisme propose : « un registro de silencios y omisiones<br />

destinados a limar las contradicciones [de la realidad]» 199 . De manière générale, le fait que<br />

les propositions paradoxales remettent en question le bien fondé de la loi du tiers exclu<br />

corrobore la dimension de résistance propre à la poésie talensienne telle que nous la<br />

définissions dans l’introduction : par définition la loi logique « exclut » tout ce qui dans le réel<br />

ne contient pas dans les deux possibilités définis par la loi de non contradiction. Il y a là de<br />

toute évidence des pans entiers du réel qui disparaissent. Que le langage ordinaire adhère à<br />

cette limitation est tout à fait réducteur. <strong>Le</strong>s propositions paradoxales auront alors pour<br />

fonction de le rappeler et de rediriger le lecteur vers cette dimension plus pleine de la<br />

présence de l’émotion, du connoté, etc. C’est en cela que l’écriture poétique de Jenaro Talens<br />

peut se définir comme un refus de se limiter à un langage ordinaire dogmatique et figé au<br />

profit d’une expression libre de contraintes et de systèmes, mise en mouvement par le<br />

processus dynamique inhérent aux propositions paradoxales.<br />

Néanmoins, l’étude de l’axe syntaxique qui traduit la logique du discours paradoxal<br />

s’appuie constamment sur le décalage entre ce qui est affirmé dans les poèmes et les lois qui<br />

structurent la pensée et la compréhension du monde du sujet. La logique formelle s’appuie sur<br />

la logique du monde, de ce qui le constitue. Ainsi il convient à présent d’analyser plus en<br />

199 Sevilla, Alfar, 1990, p. 54.<br />

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