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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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L’image du fantôme implique donc deux aspects paradoxaux de la mort :<br />

premièrement que la mort n’est pas un terme, une fin puisque l’être mort continue malgré<br />

tout d’être présent ; deuxièmement que la mort n’est pas le contraire de la vie puisqu’il peut y<br />

avoir un état où la mort et la vie se côtoient, où la mort permet une certaine forme de vie. <strong>Le</strong><br />

fantôme invite nécessairement alors à revoir ce qui définit la vie et la mort.<br />

Par ailleurs, l’exemple cité peut aussi être interprété de façon plus symbolique, ce qui<br />

n’en constitue pas moins un <strong>paradoxe</strong> temporel. En effet, nous pouvons voir dans l’écriture<br />

des morts l’acte de la mémoire : le souvenir d’une personne ou d’une situation n’est qu’une<br />

marque de son absence, de sa disparition. En cela, tout ce qui n’est pas présent directement<br />

dans l’instant, tout ce qui appartient au passé, ne peut appartenir au paradigme de la vie et<br />

tombe par conséquence dans celui de la mort par la notion de disparition. <strong>Le</strong> rôle de la<br />

mémoire est alors de ramener un élément absent du présent, de refaire paraître le disparu, de<br />

redonner vie à ce qui est mort. Dès lors, si écrire implique un mouvement de mémoire, cela<br />

va chercher son origine dans ce qui n’est plus présent, dans la mort. Il y a ainsi une tension<br />

entre l’évidence doxique que l’auteur écrit lui-même de son vivant, et l’affirmation<br />

paradoxale selon laquelle le texte trouve son origine dans l’absence de vie réelle.<br />

Enfin, alors que la mort peut acquérir des caractéristiques de la vie comme nous<br />

l’avons vu plus haut, elle peut aussi être intégralement niée comme dans cet exemple du<br />

poème El cementerio :<br />

(…) Muere<br />

el día. Pero no muere. Nada<br />

muere. Tal vez inicia<br />

su regreso a la sombra,<br />

donde otra luz distinta<br />

le sustituye. Es todo. 335<br />

Au-delà de la métaphore commune de la mort du jour et de la revendication d’un rejet<br />

de cette métaphore par la proposition suivante (pero nada muere), l’association de l’origine<br />

et de la mort peut effectivement avoir pour conséquence la disparition de la mort : ne plus<br />

reconnaître la mort par rapport à son contraire revient à la vider de sa substance. Si la mort<br />

n’est pas une fin, alors ce n’est pas la mort, et si par ailleurs le temps ne permet pas de<br />

335 CS, p. 55.<br />

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