UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

Cette omniprésence de la nature donne aux paradoxes une réalité concrète : Talens
n'écrit pas de la philosophie, il est présent au monde réel, il est sensible à la beauté, au bien-
être de la brise, au parfum des roses à la fin de l'été, un peu comme Camus qui ne put jamais
séparer sa pensée de la mer et du soleil de l'origine. La sensualité baigne la poésie de Talens
non seulement grâce aux fleurs, aux odeurs, à la lumière mais avant tout, au désir et au corps
de la femme, jamais nommée sinon par le « toi » :
El fuego de tu cuerpo me desarme 732
Le lyrisme amoureux traditionnel qui réunit la nature et la femme n'est pas
incompatible avec le paradoxe :
La voz que me habla con tus ojos
es más profunda y dulce que el olor de las rosas
cuando estas flores imaginan
la nieve que se posa con delicadeza sobre tu piel 733
Le désir, moteur profond de toute création et de tout élan vital, prend principalement
naissance au corps de la femme :
mais il ne s'y limite pas :
te escucho respirar, tan lejos y a mi lado
como el agua muere,
libre en la voluptuosidad de tu deseo 734
Si existe un cielo, serás tú,
tú, territorio cuya piel transito
mientras la muerte gira alrededor 735
Ces quelques fragments des poèmes semblent livrer au lecteur une image plus
sensible, plus intime du moi poématique, dont nous savons qu'il faut se garder cependant de le
confondre avec la réalité biographique de Jenaro Talens. Mais, comme répondait Rimbaud à
sa mère qui lui demandait comment il fallait comprendre sa poésie, le lecteur de Talens
732 LA, p. 110.
733 LA, p. 139.
734 LA, p. 124.
735 LA, p. 120.
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