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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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<strong>Le</strong> moi ainsi que les autres personnes sont donc exclus du monde vivant, réel et<br />

biographique de l’auteur et du lecteur. <strong>Le</strong> moi échappe alors à une réduction d’identité : il est<br />

autant la trace laissée par l’auteur au moment de l’écriture, que la vision personnelle du<br />

lecteur impliquant son interprétation dans l’instant de sa lecture, et que l’entité langagière<br />

permettant l’implication du lecteur.<br />

4.2. <strong>Le</strong> poème comme dépassement du moi<br />

Considérer le poème dans l’acte de la lecture implique donc de rejeter un moi<br />

individuel, un sujet unique se reconnaissant dans un moi singulier. Si l’écriture pourrait<br />

renvoyer à un auteur, lui-même se voit vite divisé entre l’écrivain et le lecteur de ce qu’il<br />

écrit 433 , et la lecture pour sa part implique un nombre indéfini de lecteurs potentiels. De ce<br />

fait, le poème en tant que corps inscrit dans la lecture acquiert les mêmes caractéristiques<br />

paradoxales que nous avions présentées, et principalement celle qui le définit comme plus<br />

vaste que le moi :<br />

Este poema añade a mi vocabulario<br />

palabras que olvidé contra la sombra,<br />

me señala caminos que jamás transité<br />

porque hay siempre algo nuevo para ser nombrado 434<br />

La première personne du poème n’est certainement pas une représentation de Jenaro<br />

Talens malgré la marque de possession, d’autorité qu’indique l’adjectif mi car non seulement<br />

il n’est qu’une entité de mots, mais en plus parce que chaque lecteur et chaque lecture induit<br />

une appropriation du poème. Cet investissement de la lecture amène à un cheminement du<br />

poème particulier et jamais semblable. C’est pourquoi le poème dépasse, va bien au-delà<br />

d’un moi doxique trop réducteur et limité.<br />

432 LA, p. 88.<br />

433 Plus qu’écrivain faudrait-il dire écrivant en ce que dès que le mot est écrit, l’écrivain disparaît : seule<br />

l’écriture dans son instant d’écriture appelle un écrivain, ou un écrivant (le gérondif traduisant cette notion<br />

d’action dans son déroulement), car dès qu’il y a conscience et reconnaissance de ce qui est écrit, il y a lecture et<br />

l’écrivain n’est plus qu’un lecteur.<br />

434 LA, p. 170.<br />

193

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