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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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4.3. <strong>Le</strong> poème comme recherche du moi<br />

Dans la mesure où le poème est le seul lieu d’apparition véritable du moi, il sera aussi<br />

la place de la recherche identitaire. Or, comme le moi est une notion paradoxale et bien que<br />

le poème ne permette pas de le saisir en tant que tel, il permettra néanmoins de lui donner un<br />

espace où apparaître et se laisser entrevoir :<br />

(…) Yo sólo escribo este poema<br />

no con la ingenua pretensión de expresar lo que siento<br />

(nunca sé lo que siento) sino para que poco a poco sus palabras<br />

puedan iluminar el hueco donde estoy (quiero decir, quién soy)<br />

en el lejano abismo de otros ojos<br />

verdes como la noche y su serenidad. 435<br />

Selon ce passage, le poème n’est pas l’expression d’un sentiment (lequel est<br />

inaccessible pour le moi poématique) mais un outil de recherche identitaire : l’écriture<br />

permet d’accéder partiellement au mystère du moi profond. Or, celui-ci se définit avant tout<br />

par une présence comme le montre la différence entre les deux verbes ser et estar :<br />

l’existence du moi provient, ne peut se concevoir et s’appréhender que dans l’être au monde,<br />

la présence au sein d’un espace. L’identité n’est donc pas absolue, mais spatiale, et le seul<br />

espace présent est le poème. <strong>Le</strong> vers est par conséquent la condition d’existence du moi ainsi<br />

que la voie d’accès au moi. Mais cette double fonction débouche sur le <strong>paradoxe</strong> de<br />

l’autoréférentialité. En effet, si le poème est le moi, alors il ne peut se percevoir directement,<br />

et en cela le poème est aussi ce qui provoque sa perte.<br />

<strong>Le</strong>s considérations de la relation entre le texte poétique et la recherche du moi<br />

conduisent à une relecture de l’ensemble des <strong>paradoxe</strong>s présentés dans ce chapitre. En effet,<br />

affirmer qu’écrire est une recherche du moi revient à pouvoir inscrire toutes les propositions<br />

abordant le moi dans cette perspective métapoétique. Dès lors dans cette perspective tous les<br />

<strong>paradoxe</strong>s du moi en tant qu’essence, du corps ou de la voix peuvent être interprétés comme<br />

des <strong>paradoxe</strong>s liés à l’écriture ou à la lecture de la poésie 436 .<br />

435 LA, p. 142.<br />

436 Par ailleurs, nous remarquons que l’œuvre talensienne contient de nombreuses réflexions, remarques ou<br />

questionnements sur l’activité poétique et sa nature. <strong>Le</strong> métalangage poétique est très présent, jusqu’à parfois<br />

constituer le cœur de certains textes ou recueils qui présentent explicitement la poésie comme un thème central<br />

en l’abordant dès le titre.<br />

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