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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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5.1.2. Signifiance de l’hendécasyllabe<br />

L’hendécasyllabe est l’un des mètres les plus importants de la tradition poétique<br />

espagnole. Si ce vers ne véhicule pas véritablement une thématique particulière, en revanche<br />

il renvoie à un registre savant, à la poesía culta. En cela, un peu à la manière de l’alejandrino,<br />

il s’accompagne d’une certaine connotation de prestige qui implique une certaine autorité :<br />

l’énonciation de l’hendécasyllabe est celle du savant. D’un point de vue rythmique, l’accent<br />

de la sixième syllabe est celui qui accompagne cette connotation d’autorité en donnant à cette<br />

place centrale du mètre une fonction d’articulation dans la réflexion ou l’affirmation du poète.<br />

Sur l’ensemble des très nombreux hendécasyllabes des poèmes de Jenaro Talens,<br />

certains vont respecter la perspective traditionnelle, doxique, quand d’autres vont au contraire<br />

la dévoyer. Ainsi par exemple nous retrouvons la sixième syllabe au centre de l’articulation<br />

paradoxale comme dans ce vers de Notas para un esbozo de obertura :<br />

y hasta el dolor se vuelve comprensible 601<br />

4 6 10<br />

L’accent sur vuelve, à la sixième syllabe, sépare en effet de façon tout à fait<br />

traditionnelle les deux pôles du <strong>paradoxe</strong>, à savoir la douleur et son acceptation 602 . Par<br />

ailleurs, cet hendécasyllabe se situe à la fermeture de la première partie du poème et joue le<br />

rôle de conclusion générale et théorique de ce qui précède. En cela il correspond aussi à<br />

l’image doxique de l’hendécasyllabe dans sa valeur d’avis d’autorité théorique.<br />

Bien que l’écriture talensienne soit principalement basée sur des vers libres, nous<br />

pouvons lire régulièrement des mètres écrits en série. Ces quatre vers finaux de Vértigo del<br />

desplazamiento en sont un exemple :<br />

el musgo insiste como ciervo inmóvil<br />

2 4 8 10<br />

como un coro de piedras sin sonido<br />

3 6 10<br />

donde el fuego perdura y ya no es fuego<br />

3 6 8 (9) 10<br />

sólo la mera costumbre de permanecer 603<br />

601 CS, p. 153.<br />

602 Nous fondons le <strong>paradoxe</strong> par rapport à la doxa contemporaine où la douleur n’a pas de justification. Ce n’est<br />

pas le cas de la doxa chrétienne par exemple qui donne un sens et une justification à la douleur.<br />

603 LA, p. 267.<br />

301

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