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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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d’un état à l’autre, la tension paradoxale entre les deux s’exprime justement à partir de la fin<br />

du huitième vers.<br />

D’un point de vue rythmique, la transition de la charnière se construit sur un effet<br />

rythmique très fort. Après un début d’un dodecasyllabe et de deux hendécasyllabes proposant<br />

un rythme de plus en plus doxique (le troisième hendécasyllabe est un mélodique très stable),<br />

le vers suivant se compose de deux mètres cachés (un ennéasyllabe et un heptasyllabe), puis<br />

deux alejandrinos boiteux s’enchaînent. Bien qu’étant en soi un hendécasyllabe, la phrase<br />

constituant le début du vers forme un heptasyllabe très stable terminé par un oxyton comme<br />

souvent dans les poèmes talensiens : no recuerdo otro sol. Cependant la seconde moitié du<br />

vers vient modifier cette structure pour créer un hendécasyllabe à la structure accentuelle nondoxique<br />

613 . En suivant le même schéma, le huitième vers commence par construire un<br />

alejandrino (con la mecha encendida sobre el aparador) mais le verbe en fin de vers brise la<br />

stabilité métrique et rythmique avec l’enjambement très abrupt qu’il provoque. La suite du<br />

poème se structure alors de façon plus doxique avec une combinaison d’hendécasyllabes et<br />

d’alejandrinos. Remarquons enfin que dans ce poème, les propositions paradoxales sont<br />

énoncées au sein de vers doxiques comme si le constat de la confusion et de l’absence de<br />

sérénité étaient la norme.<br />

Parmi ces échos de sonnet, Identidad intercambiable que nous avons étudié<br />

précédemment est un autre exemple représentatif : bien que ce poème de quatorze vers ne<br />

s’organise pas en deux quatrains et deux tercets, non seulement la charnière entre les vers 8 et<br />

9 est présente, mais le dernier vers, este rostro desnudo programando el terror, fait écho au<br />

sonnet traditionnel : ce dernier alejandrino clôt le poème de façon très forte sur une<br />

affirmation existentielle, véritable conclusion et synthèse de tout ce qui précède.<br />

Au-delà des points communs et des écarts, ces poèmes de quatorze vers font toujours<br />

ressentir la présence fantomatique du sonnet et de sa charge signifiante historique. De la<br />

même façon que la doxa est toujours présente dans le <strong>paradoxe</strong>, nous pouvons recevoir<br />

l’héritage métrique et formel propre à la poésie hispanique pendant la lecture des poèmes<br />

talensiens. Toutefois, à l’inverse de la silva, le faible nombre de poèmes à quatorze vers d’une<br />

part, et le peu de respect de la chanière sur le huitième et neuvième vers d’autre part n’invitent<br />

pas à faire du sonnet une forme centrale <strong>chez</strong> Jenaro Talens. Cette différence entre sonnet et<br />

613 Nous considéré ici sol comme semi-atone suivant la règle fixée dans l’introduction de cette étude de rythme.<br />

Avec ce vers, nous en montrons cependant une limite : parce qu’il est la sixième syllabe (fondamentale en<br />

métrique), parce qu’il est monosyllabique et parce qu’il est suivi d’un point (soit une pause syntaxique très<br />

forte), nous pourrions le considérer comme tonique.<br />

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