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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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<strong>Le</strong> point de départ de la définition du réel par la doxa reste la perception : le monde<br />

est ce que nous percevons 276 . Or, dans le chapitre précédent, nous avons constaté que la<br />

perception talensienne est paradoxale. Dès lors il semble très difficile de maintenir le même<br />

schéma de réel que celui énoncé par le sens commun 277 . Effectivement, les poèmes étudiés<br />

présentent une remise en cause de la stabilité du réel doxique via l’expérience d’un réel<br />

différent qui ne se base pas sur sa relation contradictoire avec la fiction :<br />

He conocido lugares donde todo es real. 278<br />

En affirmant l’existence d’un monde où tout est réel, ce vers apertural du poème<br />

Noviembre como hipnosis sous-entend que le monde commun pour sa part ne contient pas<br />

que le réel. Ceci amène deux remarques : premièrement le monde réel basé sur la doxa oublie<br />

en quelque sorte une part du réel en le rejetant dans l’irréel, la fiction, (le rêve en est un<br />

exemple) ; deuxièmement le monde vécu par le moi poématique ne reconnaît pas la validité<br />

de la relation contradictoire réel / fiction. En effet, si tout est réel, c’est que ce que nous<br />

entendons d’ordinaire par fiction l’est aussi, neutralisant le système de la doxa basé sur la loi<br />

de non-contradiction.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>paradoxe</strong>s du réel face à la fiction <strong>chez</strong> Jenaro Talens ne proposent pas un refus<br />

de l’un ou l’autre, mais un refus de leur relation contradictoire soutenue par la doxa : les<br />

poèmes abordent un monde qui contient des réalités tout autant que des fictions. Dans ce type<br />

d’existence, une expérience peut mélanger alors les deux aspects (réel et fictif), ce que la<br />

doxa ne peut accepter que comme une intrusion paradoxale de la fiction dans la réalité.<br />

De manière générale, ce type de <strong>paradoxe</strong> s’articule autour de deux grandes<br />

catégories : les propositions qui abordent la thématique du réel et de la fiction par rapport à<br />

leur relation au langage d’abord ; les propositions qui ne sont pas associées au langage<br />

276 Si le primat de la perception est total <strong>chez</strong> Talens, Domingo Sán<strong>chez</strong>-Mesa Martínez en rappelle le véritable<br />

fonctionnement en l’appliquant à l’œuvre talensienne : « lo que prima no es « lo que hay », siempre susceptible<br />

de un intento de descripción imposible, sino « lo que construimos al mirar », « La mirada que escribe o de poesía<br />

y cine. Relaciones intermediales en la poesía de Jenaro Talens », in Mi oficio es la extrañeza, FERNANDEZ<br />

SERRATO (ed.), Madrid, Biblioteca Nueva, 2007, p. 106.<br />

277 <strong>Le</strong> moi poématique d’ailleurs relève cette différence par l’affirmation d’un monde, d’un univers différent du<br />

monde des hommes selon l’expression du poème Imitación de Tu-Fu : « Ver sólo el desolado paisaje de otoño. /<br />

Mientras alguien pregunta por qué el estar aquí, en la montaña azul, / en este mundo, diferente del mundo de los<br />

hombres », CS, p. 143. Si le premier sens de ces vers renvoie au monde métaphorique de l’ermite, d’un point de<br />

vue métapoétique, cette citation peut venir à signifier que le monde du moi n’est plus celui des hommes, c’est-àdire<br />

de la majorité, et que par conséquent, ses lois et sa réalité sont autres.<br />

278 LA, p. 112.<br />

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