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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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des deux pôles mais semble aussi donner l’étonnement de la voix poématique face à cet état<br />

de fait inhabituel.<br />

Précisons que les vers qui suivent ce parallélisme viennent élucider le <strong>paradoxe</strong>,<br />

expliquer la raison d’être du troisième état :<br />

pues que jamás acecha la caducidad<br />

en el presente inmóvil<br />

del existir, hasta que la memoria<br />

los hechos reinventa y unifica.<br />

Que el transcurso y el orden,<br />

su sucesividad,<br />

son materia simbólica,<br />

y al final sólo queda<br />

no el tiempo : su ficción. 193<br />

Nous retrouvons le même rôle de la mémoire que précédemment : de la perception de<br />

l’objet dans la réalité du présent où tout est impermanence, la mémoire ne conserve que<br />

l’image de cet objet et l’organise suivant un ordre, une logique propre (qui n’est pas celle de<br />

la réalité du présent, mais celle de la mémoire du moi poématique). Nous passons donc d’un<br />

réel dans lequel seul l’instant présent existe et où les fleurs disparaissent, à une fiction<br />

partagée entre le passé et le futur au sein de laquelle une logique réorganisatrice maintient<br />

l’existence des fleurs. Par conséquence l’état d’être est éphémère dans le réel extérieur au moi<br />

poématique, alors que dans le même temps, il est figé dans son réel intérieur : il y a<br />

disparition et non disparition des fleurs. <strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> s’élucide 194 donc par la prise en compte<br />

de deux niveaux différents d’existence (celui de la perception et celui de la mémoire) dans<br />

lesquels le temps n’a pas les mêmes caractéristiques. Comme le moi poématique est à<br />

l’intersection de ces deux niveaux différents, cela sous-tend une possibilité de confusion :<br />

pour peu que le moi poématique oublie cette dichotomie, il en sera troublé et le <strong>paradoxe</strong><br />

surgira 195 .<br />

193 Ibid.<br />

194 De façon générale très peu de propositions paradoxales ne trouvent pas d’élucidation dans l’œuvre<br />

talensienne. Nous verrons en effet dans la deuxième partie que les <strong>paradoxe</strong>s s’opposent la plupart du temps à<br />

des doxas, à des opinions, mais pas à des systèmes de pensée. Au contraire, il semblerait que le <strong>paradoxe</strong><br />

permette d’accéder à une compréhension autre. Néanmoins, tous les <strong>paradoxe</strong>s ne s’élucident pas avec la même<br />

aisance. Il y a donc des différences de charge paradoxale entre les propositions.<br />

195 Nous reprenons cette notion dans la deuxième partie, et plus précisément dans le chapitre sur les <strong>paradoxe</strong>s du<br />

réel et de la fiction ainsi que dans celui des <strong>paradoxe</strong>s du temps.<br />

94

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