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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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un seul. Ces marques peuvent se situer à tous les niveaux du langage :<br />

accentuelles, prosodiques, lexicales, syntaxiques. Elles constituent<br />

ensemble une paradigmatique et une syntagmatique qui neutralisent<br />

précisément la notion de niveau. Contre la réduction courante du sens<br />

lexical, la signifiance est tout le discours, elle est dans chaque<br />

consonne, dans chaque voyelle qui, en tant que paradigme et que<br />

syntagmatique dégage des séries. Ainsi les signifiants sont autant<br />

syntaxiques que prosodiques. <strong>Le</strong> sens n’est plus dans les mots<br />

lexicalement. Dans son acception restreinte, le rythme est l’accentuel,<br />

distinct de la prosodie – l’organisation vocalique, consonantique. Dans<br />

son acception large, celle que j’implique ici le plus souvent, le rythme<br />

englobe la prosodie. Et, oralement, l’intonation. Organisant ensemble<br />

la signifiance et la signification du discours, le rythme est<br />

l’organisation même du sens dans le discours. Et le sens étant l’activité<br />

du sujet de l’énonciation, le rythme est l’organisation du sujet comme<br />

discours dans et par son discours. »<br />

De cette longue définition, outre les imprécisions 80 , nous retenons principalement la<br />

distinction entre « acception restreinte » et « acception large » d’une part, et les quatre<br />

niveaux du langage où se situent les « marques » du rythme d’autre part. Sur ce dernier point,<br />

nous remarquons que dans une vision plus commune, les deux niveaux lexicaux et<br />

syntaxiques sont généralement attribués au langage dit ordinaire et que les niveaux accentuels<br />

et prosodiques sont le propre de la poésie. <strong>Le</strong> rythme dans son « acception large » consiste à<br />

ne plus les séparer dans un type de discours particulier, mais de les mettre tous sur un même<br />

niveau de signification : c’est ensemble qu’ils signifient, l’un par l’autre de façon<br />

indissociable. De ce fait la prosodie (« organisation vocalique consonantique »), le rythme<br />

dans son « acception restreinte » (c’est-à-dire la place des accents dans un discours propre à<br />

une langue) ne sont plus un surplus ou un ornement qui met en valeur un sens, mais ce qui<br />

avec la syntaxe et le lexique crée la signifiance. <strong>Le</strong> poème est le « maillon faible » en ce que<br />

le rythme accentuel et la prosodie sont plus visibles que dans le langage ordinaire, et que par<br />

conséquent leur importance par rapport à la signifiance ne peut pas être ignorée. Enfin, nous<br />

utilisons dans notre travail la même définition du terme signifiance, c’est-à-dire la production<br />

80 Lucie Bourassa les résume ainsi : « cette définition demeure toutefois partiellement opaque. Outre les accents,<br />

quelles sont les « marques » ? Comment établir cette « paradigmatique » et cette « syntagmatique » qui<br />

« neutralisent la notion de niveau » ? Sinon dans le mot « organisation », les définitions recensées par Benveniste<br />

n’apparaissent plus. Entre la notion de rythme comme « configurations particulières du mouvant », reprise aux<br />

anciens, et sa « nature » dans le discours comme « organisation des marques », un maillon semble manquer.<br />

Meschonnic s’attache beaucoup à critiquer les conceptions métaphysiques et métriques du rythme, mais peu à la<br />

manière dont ce dernier, en l’absence de mesure, peut être appréhendé. Cela s’explique en partie par le fait que le<br />

rythme pour lui ne se réduit pas à ce qui est perceptible, mais au contraire, se situe dans « l’infime, l’incertain,<br />

l’inaperçu » (Politique du rythme, Politique du signe, p. 155) et requiert une « écoute plus fine du langage »<br />

(ibid. p. 153) » Henri Meschonnic. Pour une poétique du rythme, Bertrand Lacoste, Paris, 1997, p. 85-86.<br />

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