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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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siècle : Jakobson et Meschonnic. C’est sur la base de leurs travaux que nous avons constitué<br />

une proposition théorique qui définit la dimension poétique du langage et ses constituants<br />

dans le discours : repartant des deux axes traditionnels qui construisent le langage (axe<br />

syntagmatique et axe paradigmatique) nous y adjoignons un troisième que nous nommons axe<br />

poétique car, bien qu’il soit une partie intégrante du langage et donc présent potentiellement<br />

dans tout discours, c’est dans les poèmes qu’il s’actualise pleinement : l’horizon d’attente du<br />

lecteur de poésie amène à porter plus d’attention aux phénomènes qui le constituent.<br />

2.1. Benveniste et le langage commun<br />

Bien loin de la vision doxique du langage comme outil de communication, pour<br />

Benveniste la nature de la langue n’est pas de communiquer une information, mais de<br />

signifier, telle « une machine à produire du sens » 57 . <strong>Le</strong> propre de la langue est donc de<br />

signifier (et non plus de communiquer). L’activité du langage sera alors une activité<br />

signifiante : « le langage est l’activité signifiante par excellence, l’image même de ce que peut<br />

être la signification » 58 . Cette « vocation première » à signifier amène alors à deux aspects<br />

fondamentaux. <strong>Le</strong> premier consiste en ce que si le langage est signification, alors il n’est pas<br />

possible d’opposer à la manière des formalistes sens et forme 59 mais qu’au contraire il y a<br />

continuité entre eux 60 . <strong>Le</strong> deuxième est la notion de signifiance que Benveniste définit très<br />

généralement : « <strong>Le</strong> caractère commun à tous les systèmes et le critère de leur appartenance à<br />

la sémiologie est leur propriété de signifier ou SIGNIFIANCE, et leur composition en unités<br />

de signifiance, ou SIGNES. » 61 La signifiance étant donc ce qui fait qu’un système signifie,<br />

elle devient l’élément premier du langage en tant que système de signification. Mais tous les<br />

systèmes ne sont pas identiques, aussi le linguiste fait une différence entre deux types de<br />

signifiance dépendant de deux types différents de systèmes, comme par exemple entre un<br />

système artistique et le système de la langue 62 .<br />

57<br />

Problèmes de linguistique générale, I, Gallimard, Paris, 1966.<br />

58<br />

Ibid, p. 218.<br />

59<br />

Sur ce point, voir la présentation de Jakobson.<br />

60<br />

<strong>Le</strong> refus de séparer sens et forme de façon traditionnelle ne veut cependant pas dire que Benveniste ne<br />

s’occupe pas de l’aspect formel du langage : « Forme et sens doivent se définir l’un par l’autre et ils doivent<br />

ensemble s’articuler dans toute l’étendue de la langue. <strong>Le</strong>urs rapports nous paraissent impliqués dans la structure<br />

même des niveaux et dans celle des fonctions qui y répondent, que nous désignons ici comme « constituant » et<br />

« intégrant ». Quand nous ramenons une unité à ses constituants, nous la ramenons à ses éléments formels »,<br />

Problèmes de linguistique générale, I, p. 126.<br />

61<br />

Problèmes de linguistique générale, II, Gallimard, Paris, 1974, p. 51.<br />

62<br />

« On peut donc distinguer les systèmes où la signifiance est imprimée par l’auteur à l’œuvre et les systèmes où<br />

la signifiance est exprimée par les éléments premiers à l’état isolé, indépendamment des liaisons qu’ils peuvent<br />

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