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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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La proposition paradoxale se construit dans ces trois vers à partir du champ lexical de<br />

sol, et plus particulièrement à travers les termes brilla, calor, quema 635 . Si la contradiction<br />

calor que no quema trouve son unité dans l’allitération en [k] occlusive vélaire sourde, cet<br />

effet phonique répète le lien de proximité des deux termes du même paradigme alors que la<br />

syntaxe les dissociait. Enfin, les trois termes sol calor et quema forment une chaîne<br />

paronomastique montrant à nouveau leur relation de proximité : le [o] accentué de sol se<br />

répète dans calor, alors que l’occlusive palatale sourde [k] est à l’ouverture de calor et de<br />

quema. De cette manière s’établit un lien entre sol et quema que leur nature phonique<br />

respective ne constituait pas de façon isolée. Nous voyons encore une fois que les sons ne<br />

permettent pas une lecture simple et à sens unique, mais au contraire mènent à une plus<br />

grande ouverture de significations qui agissent ensemble et en même temps.<br />

Nous retrouvons un type de structure identique sur la base du même paradigme dans le<br />

recueil deux pages plus loin :<br />

ambos buscamos un aroma,<br />

algo como el residuo de un olor,<br />

una llama que aún arda cuando el fuego se apague 636<br />

Remarquons premièrement que l’extrait s’ouvre sur un contexte phonique très dense<br />

(par l’accumulation des bilabiales [m] et [b] ainsi que par le jeu des voyelles) , bien qu’il ne<br />

s’agisse pas d’une proposition paradoxale. Comme précédemment donc, le <strong>paradoxe</strong> se<br />

construit autour du champ lexical du fuego en opposant les deux verbes arda et apague et les<br />

deux substantifs llama et fuego au sein d’un parallélisme. L’assonance en [a] très visible<br />

particulièrement dans la première moitié du dernier vers se retrouve dans le dernier mot,<br />

conférant à l’ensemble une unité phonique qui traduit d’une part la cohérence sémantique des<br />

termes, et de l’autre le phénomène de persistance du parallélisme. Par ailleurs, dans le même<br />

temps, l’effet sonore propose aussi une dissociation puisque le terme principal du paradigme<br />

fuego a une nature phonique très différente des autres mots. <strong>Le</strong> procédé de création de sens est<br />

635 La charge paradoxale est en soi plus faible que dans d’autres propositions. En effet, une chaleur ne<br />

s’accompagne pas nécessairement d’une brûlure. Toutefois, nous pouvons voir ici l’influence du contexte qui,<br />

outre le paradigme du feu (sol, quema, calor, brilla), présente plusieurs propositions paradoxales (« El tiempo y<br />

el espacio / - ¿ son historia o error ? - / existen sólo porque existes tú, / quiero decir porque tu mundo existe. / No<br />

hay espacio ni tiempo / fuera del límite de tu universo. Mírame. / Ver es cesar. ») Par effet de contagion, le<br />

lecteur peut alors ressentir une relation contradictoire dans la proposition « un calor que no quema ».<br />

636 LA, p. 85.<br />

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