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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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S’il semble naturel de relier la notion de transparence avec celle de luminosité d’un<br />

côté, et celle d’opacité avec l’obscurité de l’autre, ces deux premiers vers de Estatua de sal<br />

provoquent un double <strong>paradoxe</strong>. Premièrement ils impliquent que la transparence et l’opacité<br />

sont constituées d’une même nature puisque l’une peut se transformer en l’autre.<br />

Deuxièmement, la conséquence de cette transformation amène à associer la nuit à la<br />

transparence, ce qui n’est pas valide dans le cadre de la doxa.<br />

Cependant, bien que l’identité entre la transparence et l’opacité puisse se passer de<br />

référence directe à la lumière ou à l’obscurité (comme par exemple avec ces deux vers de<br />

Espai (II) : « nada más inaccesible que la transparencia / decir su opacidad con rostros<br />

inconcretos » 247 ), il est beaucoup plus courant de les voir réunis au sein de propositions<br />

annulant les relations attendues entre chaque terme :<br />

(…) Está lleno de<br />

una nada de sombras. Su esplendor opaco<br />

finge un destello que no brilla, que<br />

arde en las lámparas de aceite. 248<br />

Ici le jeu entre l’opacité et la transparence, et de façon plus globale entre la lumière et<br />

l’obscurité est explicite : nous avons une alternance entre des termes d’un paradigme et ceux<br />

du paradigme opposé (sombras – esplendor – opaco – destelle – no brilla – arde) sans que<br />

les relations syntaxiques n’impliquent la relation contraire attendue par la doxa. Il en ressort<br />

que les deux pôles se retrouvent réunis sur une même continuité : les ombres sont définies<br />

par leur éclat (identité donnée par l’apposition), elles-mêmes opaques (dissociation<br />

paradoxale entre le nom et un adjectif épithète qui lui est contraire), tout en revêtant<br />

l’apparence d’une lueur (association provoquée par l’usage de fingir), laquelle ne provoque<br />

pas de lumière (première relative qui provoque une dissociation entre la lueur et sa nonbrillance)<br />

mais brûle malgré tout dans des lampes (seconde relative contraire à la première)<br />

impliquant par là une luminosité. Cet entrelacs d’ombres et de lumières, d’opacité et de<br />

transparence ne fait pas qu’empêcher toute distinction entre les deux opposés, il va au-delà et<br />

sous-tend une égalité de nature et d’apparence basculant alternativement du domaine de<br />

l’ombre à celui de la lumière.<br />

247 LA, p. 288.<br />

248 LA, p. 121.<br />

120

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