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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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elation paradoxale définie : si les deux pôles sont a priori différents pour le lecteur et<br />

présentés comme identiques par la proposition (ou bien si les deux pôles sont a priori<br />

semblables pour le lecteur et présentés comme différents par la proposition), alors il s’agit<br />

d’une association (ou d’une dissociation) ; en revanche, si les deux pôles sont a priori<br />

contradictoires mais que la proposition affirme leur existence simultanée, alors c’est un<br />

parallélisme. Nous le voyons, le point de départ peut être semblable à celui d’une association,<br />

mais la différence majeure réside dans le fait qu’alors que pour cette dernière, la relation des<br />

deux pôles était plutôt de l’ordre de l’absolu, le parallélisme ne se formule qu’à partir d’une<br />

situation temporelle précise, et c’est au sein de cette relativité temporelle que surgit le<br />

<strong>paradoxe</strong> par la simultanéité des deux états opposés.<br />

<strong>Le</strong> principe même du parallélisme tel que nous l’avons relevé dans l’oeuvre de Jenaro<br />

Talens consiste en la neutralisation de la ligne traditionnelle du temps, deux états<br />

contradictoires d’un même élément pouvant être concomitants. Or, puisque le temps ne peut<br />

se concevoir dans la logique aristotélicienne - et presque dans la logique humaine - sans la<br />

mesure de l’espace, si le temps accepte l’existence simultanée de ces deux états normalement<br />

incompatibles, il en ira de même avec l’espace. Cette neutralisation de l’espace et du temps<br />

est clairement exprimée à deux reprises dans le poème Ideas acerca de la confusión en<br />

Cherokee Avenue :<br />

(…) Mientras me hablaba pude aprender que la distancia es la mitad de<br />

estar juntos, pero en el mismo sitio y a la vez, tocar<br />

sin tocarnos, comer, ir de compras, el uno siempre varios pasos<br />

por delante del otro. Recordar lo aburrido<br />

que resultaba hacernos el amor, para no hablar de la torpeza<br />

con que un roce mecánico pretende ser caricia, pero cada uno<br />

viviendo a solas, en el mismo sitio, y a la vez. 179<br />

La répétition de en el mismo sitio y a la vez n’est que la constatation que pour les deux<br />

protagonistes du texte, être ensemble et être seul, qui sont normalement deux états<br />

contradictoires, peuvent être vécus de façon simultanée. Il ne s’agit pas ici d’affirmer qu’être<br />

seul est la même chose qu’être à deux (ce qui serait une association), mais d’affirmer qu’il y a<br />

un troisième état qui fait qu’on est seul à deux, ou avec l’autre quand on est seul, c’est-à-dire,<br />

un état qui n’est ni la solitude, ni la compagnie. Cette proposition force donc à prendre en<br />

compte un troisième état que la logique aristotélicienne bivalente ne prévoit pas, une sorte de<br />

lieu ou de moment de l’entre-deux qui ne serait ni un état ni l’autre tout en étant l’un et l’autre<br />

179 LA, p. 141.<br />

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