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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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est aussi une contradiction puisque sa réalité n’est pas accessible au moi poématique, et que<br />

seule lui reste une copie, une réplique mentale ou langagière de ce parc. Par ailleurs, de par<br />

les étapes successives de la perception et de par la nature discursive du langage, cette<br />

recréation du réel provoque une autre séparation définitive, celle du temps.<br />

Si la perception est donc contradictoire, c'est que les sens ne sont pas fiables. Mais, si<br />

effectivement la vue, l’ouïe, le toucher et l’odorat sont inclus dans le processus de perception<br />

paradoxale, le sens du goût n’est jamais abordé. Il en ressort que tous les sens ne sont pas sur<br />

un pied d’égalité dans les poèmes. Effectivement, par la quantité de propositions paradoxales<br />

et par l’importance des thèmes auxquels il mène, le sens de la vue est sans conteste le plus<br />

important, jusqu’à en devenir pour ainsi dire une métonymie de la perception 216 .<br />

1.2. La perception synesthésique ou la confusion des sens<br />

Dans le cadre de la doxa, il est d’usage de séparer les sens : la vue est ressentie<br />

comme indépendante de l’ouïe, tout comme l’est l’odorat du toucher. Chaque sens<br />

correspond à un organe du corps et à un type de perception. Dès lors, attribuer une<br />

caractéristique visuelle à une perception sensorielle revêt dans la doxa un caractère étrange,<br />

voire absurde : il semble tout à fait impossible de distinguer deux feuilles de couleurs<br />

différentes par le toucher ou l’odorat, et seuls les yeux en seront capables.<br />

La synesthésie qui associe plusieurs sens dans un même mouvement de perception est<br />

une figure de style très commune en poésie, ce que nous trouvons aussi <strong>chez</strong> Jenaro Talens.<br />

Toutefois, au-delà de l’effet de style, nous rencontrons dans les poèmes analysés un type de<br />

propositions qui décrit explicitement une confusion des sens, attribuant par exemple une<br />

caractéristique de l’ouïe aux yeux, c’est-à-dire à l’organe de la vue. Nous y voyons des<br />

<strong>paradoxe</strong>s en ce que ces propositions ne peuvent se concevoir dans la doxa.<br />

Comme les sens ne partagent pas le même degré d’importance, la même récurrence, il<br />

était attendu que les associations entre l’ouïe et la vue soient les plus nombreuses. A<br />

l’inverse, nous n’avons pas trouvé de <strong>paradoxe</strong>s réunissant uniquement les sens de l’odorat et<br />

216 L’importance du regard dans la poésie talensienne est clairement signifiée dans Mi oficio es la extrañeza,<br />

FERNANDEZ SERRATO (ed.), Madrid, Bilbioteca Nueva, 2007, puisqu’une partie entière est consacrée à cette<br />

thématique avec les trois articles suivants : « Novísimas formas de la ékfrasis » de Luis Martín Estudillo (pp. 67-<br />

86 ; « La mirada que escribe o de poesía y cine. Relaciones intermediales en la poesía de Jenaro Talens », de<br />

Domingo Sán<strong>chez</strong> Martínez (pp. 87-121) ; « ‘Salmo Dominical’ : Escenificación de la mirada y el ‘yolenguaje’<br />

(hacia una lectura de la « poética » de Jenaro Talens », de José Luis Falcó (pp. 122-136).<br />

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