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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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substantivé morir et le substantif muerte) sont mis en relation d’opposition par la négation<br />

du verbe significar.<br />

La négation du verbe peut se faire à partir d’autres outils grammaticaux comme<br />

nunca, nadie, nada, etc. Or si nous retrouvons ces emplois dans plusieurs dissociations, ils<br />

comportent en eux-mêmes des nuances qui ne sont pas sans incidences sur les propositions<br />

paradoxales. En effet, alors que l’adverbe no est une négation absolue qui ne donne que<br />

l’alternative positif/négatif (donc entre deux positions diamétralement opposées sans aucune<br />

possibilité intéremédiaire), les autres outils sont spécifiques à un domaine, comme le temps<br />

pour nada ou l’espace pour nunca par exemple, et donc donnent une relation d’opposition<br />

dans un certain contexte précis. La proposition sera alors un <strong>paradoxe</strong> si le poème présente<br />

auparavant le contexte au sein duquel cette négation précise peut remplir son rôle :<br />

Suenan palabras a mi alrededor<br />

en un extraño idioma<br />

que no comprendo, y suenan<br />

otras palabras, y otras, como un viento vacío.<br />

Pero ninguna borra este silencio 143<br />

<strong>Le</strong> verbe borra est à la forme négative ici par l’entremise du pronom ninguna ce qui<br />

présuppose d’avoir avant rencontré un substantif qu’il représente : il faut avoir déjà défini le<br />

son des mots (suenan / otras palabras), pour que le lecteur sache à quoi fait référence le<br />

pronom. C’est dans ce contexte que le <strong>paradoxe</strong> peut surgir. Dans cet exemple, nous<br />

sommes face à l’opposition du bruit produits par les mots et du silence dans lequel se trouve<br />

la voix poématique. Dans la logique du lecteur le son et le silence s’excluent mutuellement,<br />

et établir un état où ils cohabitent est énoncer une contradiction. Or si le poème affirme que<br />

le silence n’est pas effacé par le son des mots, cela sous-entend que le son n’est pas du son,<br />

ou que le silence n’est pas du silence, ce que nous écrivons AA pour les deux cas ; c’est<br />

pourquoi cet énoncé est une dissociation.<br />

<strong>Le</strong>s autres exemples de propositions paradoxales issues de l’emploi de négatifs autres<br />

que l’adverbe no fonctionnent de la même façon : à partir d’une certaine situation, le poème<br />

définit une impossibilité logique. Parce que ces négatifs ont une amplitude moindre, parce<br />

qu’ils sont relatifs à un contexte et non pas absolus, les propositions paradoxales sont plus<br />

143 CS, p. 83.<br />

73

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