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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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elations entre le moi et le poème. Toutefois, ils ne pourront s’établir dans un rapport simple<br />

d’adéquation ou d’inadéquation, et puisque le moi est une entité paradoxale, tout ce qui entre<br />

en relation avec lui se verra contaminé par cette nature. De ce fait le poème en tant que corps<br />

écrit du moi sera la cause de la perte du moi, mais aussi ce qui le dépasse. Au sein du<br />

problème de l’identité, le poème sera finalement l’espace de la recherche identitaire.<br />

4.1. <strong>Le</strong> poème comme perte du moi<br />

L’affirmation que le poème constitue le premier corps du moi s’accompagne<br />

immédiatement <strong>chez</strong> Jenaro Talens de la conscience que le poème est alors à l’origine de la<br />

perte du moi doxique, et donc de l’avènement du moi paradoxal :<br />

El poema es el acto que me destituye<br />

(la usura de este cuerpo devastado por las galerías),<br />

proceso que construye mi desaparición. 431<br />

Ces trois vers sont en effet sans ambiguïté : si le poème est un corps, il est aussi ce qui<br />

provoque la disparition du moi, ce qui le destitue, c’est-à-dire ce qui lui fait perdre son statut<br />

de première personne. Remarquons par ailleurs, que le poème comme corps est à rapprocher<br />

de la notion de fragmentation à travers la description qui en est faite. <strong>Le</strong> corps / poème n’est<br />

pas un élément plein et stable, entier et uni, au contraire il est un ensemble creusé, traversé<br />

d’absence, vidé de lui-même.<br />

Ces trois vers abordent un autre aspect qui a une grande importance : le poème n’est<br />

pas un corps mort, une feuille de papier imprimée, figée dans une forme définitive, c’est à<br />

l’inverse un corps vivant, un processus qui implique une action, celle de l’écriture ou de la<br />

lecture. Effectivement, hors de cet acte, le poème n’est rien. La notion du poème inscrit dans<br />

la lecture/écriture est importante en ce qu’elle le place de facto dans l’instant, et permet ainsi<br />

au moi présent d’apparaître.<br />

Cependant, que le poème soit relié à l’écriture et à la lecture n’implique pas que le<br />

moi trouve son identité dans l’auteur et le lecteur respectivement, loin s’en faut. <strong>Le</strong> poème<br />

reste nécessairement dans le monde des mots, et ne peut en aucun cas s’en extraire :<br />

431 CS, p. 142.<br />

Mientras, tú y yo aprendamos la impostura<br />

de fingir estar vivos en este trozo de papel. 432<br />

192

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